Je n’aime pas les comédies musicales, mais ce n’est pas la raison de ma note.
Non non, continuez...
Déjà, c’est bien la première fois que je vois un film qui se spoile délibérément dès le départ, qui commence par annoncer lui-même un événement clé à venir dès qu’il débute, c’est très bizarre comme choix. Alors Nicole Kidman va mourir à la fin. Vous ai-je déçu ? Bien, vous comprenez maintenant tout à fait ma frustration après à peine 2 minutes de cette séance ciné, au bout desquelles je l’ai appris tout aussi bêtement par le héros du film en personne ! Vient ensuite l’entrée en matière de ce fameux « Moulin Rouge ! » doublement oscarisé, fierté de Hollywood, qui clame haut et fort faire honneur au célèbre cabaret parisien. Personnellement on ne m’avait pas prévenu, mais comme vous cher lecteur, vous prenez la peine de lire cette longue critique, je vous récompense en vous donnant l’astuce ultime pour pouvoir supporter ces 20 premières minutes : prenez de la coke ! Mais sérieusement, c’est exactement ce qu’il faudrait sinon c’est insupportable ! Ça marche aussi avec disons 5l de café d’un coup, ou de Red Bull, une dizaine de litres de Coca-Cola ou tout autre excitant qui donnerait le pouvoir de suivre avec passion un vacarme hystérique qui dure autant de temps. Ça va se calmer, oui, pendant quelques brèves minutes, le temps d’une soporifique petite chanson, puis c’est reparti encore pour 20 nouvelles minutes d’un mini-spectacle musical en hyper-accéléré bien sûr. C’est le style du réalisateur me direz-vous. D’accord, c’est un procédé qui peut être sympa si c’est écourté, très sympa même à faible dose, mais qui fait vraiment mal à la tête à la longue. Bref, passons, l’action se déroule en 1900 à Paris, au Moulin Rouge on n’a l’impression d’être ni en 1900 ni à Paris ni même dans un lieu qui essaie d’imiter médiocrement le Moulin Rouge. Aucun charme, aucune poésie, même pas un choix d’instruments de musique cohérent avec l’époque et l’ambiance supposée des lieux. Les américains vont même aller jusqu’à nous narguer avec leur Oscar des meilleurs décors, incroyable ! Peut-être que suivant leur goût ils trouvent ça beau, supposons, mais qu’est ce qu’ils ont à voir avec le thème ces fameux décors ? À part dire que c’est hors-sujet, je ne vais pas me prononcer sur la musique, car ce qui est proposé n’est pas mon style, sinon les reprises je les ai sincèrement trouvées foireuses.
Toujours pas...
Enfin l’histoire, déjà gâchée par le réalisateur avec son énorme spoil délibéré, ne dégage aucune émotion, tout est tellement artificiel qu’on ne s’attache ni aux personnages, ni au liens affectifs censés les unir. Il faut dire que le burlesque et le sentimental ne peuvent que difficilement coller ensemble, il faudrait un énorme talent en fait. Justement, il faut dire aussi que non seulement ce burlesque du réalisateur est de mauvais goût mais en plus ce dernier ne sait jamais donner le ton qu’il faut au moment où il faut. Il aurait pu s’appuyer sur le charme mondialement réputé de la capitale française ou au moins celui du quartier de Montmartre, mais non, à croire qu’il était interdit de sortir du cabaret. Dans ce cas, il aurait pu faire de la féerie du Moulin Rouge un cadre idyllique pour mettre en marche cette poésie, mais là non plus, le choix a été fait de stresser le spectateur de vacarme et de couleurs éblouissantes. Du coup quand Nicole Kidman meurt à la fin, ce moment clé du film devient dénudé de tout intérêt, et la détresse de son amoureux n’aura aucun effet attendrissant.
J’ai déjà dit que l’héroïne mourrait à la fin, que c’est annoncé dès qu’on commence à le regarder, quel pire spoil pourrait-il y avoir ?
Après un « Roméo+Juliette » qui m’avait épaté d’originalité, Baz Luhrmann déçoit énormément dans cette initiative cette fois-ci complètement ratée, faute à ces choix très contestables dans le rythme, dans le style et dans l’image. Il y en a qui peuvent aimer cette comédie musicale, les raides dingues du genre sûrement, en ce qui concerne ceux qui comme moi ont détesté, le réalisateur a suffisamment apporté de l’eau à notre moulin pour pouvoir justifier notre aversion.