Au début j'étais partie sur 2, puis 3 étoiles, et en fin de compte j'en mettrai 4. Moulin Rouge est un peu comme ces fameuses silènes dont parle Rabelais, la couverture est grotesque, ça pue le bolywood à plein nez, Baz Luhrmann alterne les séquences vulgaires entre prostitués et nains fardés, avec les séquences à l'eau de rose. Un filme absolument bordélique au sens propre et au sens figuré, avec des enchainements rapides, presque brouillon qui font tourner la tête au même rythme que les jupons à froufrou. Et pourtant... Derrière le masque des stras et paillettes, se cache une histoire touchante et tragique, une jolie peinture de l'envers du décors des maisons closes. Les décors, autant que les costumes sont absolument parfaits, c'est beau et laid à la fois, ça grouille, c'est kitsch, ça tape à l'oeil, ça fait faut, mais on aime le faux décors en carton pâte, des la même façon qu'on les aime chez Tim Burton. La scène de Roxane version tango est absolument fabuleuse, sensuelle, érotique et bouleversante, c'est d'ailleurs pour une pareille scène que je me suis permis de mettre une 4ème étoile.
Comme dans Roméo et Juliette, Baz Luhrmann joue brillamment avec le grotesque et le sublime. C'est ridicule et grave, complètement fou! Le choix anachronique des chansons, superbement interprétées et judicieux, en décalage complet avec l'époque, mais au fond pas tant que ça. Nicoles kidmann est sublime, Ewan McGregor est à la fois jeune premier et poète maudit. Ca sent les paradis artificiels et l'artifice du décors que le public se refuse à voir. Un très jolie conte!