SF régressive
Tout le monde, ou presque, a l’air d’accord pour dire du bien du 1er long métrage écrit, réalisé et même interprété par François Descraques, adapté de la web-série du même nom qu'il a lui-même scénarisée et mise en scène. Elle comporte 4 saisons et a généré 45 millions de vues, des bandes dessinées, un roman et même un jeu de plateau. Ceci explique sans doute cela. Les fans la série se sont précipités et ont adoré retrouver l’univers très particulier de la bande. 2555. Dans un futur dévasté, l’apocalypse menace la Terre. Le dernier espoir repose sur un homme capable de voyager dans le temps. Sa mission : retourner dans le passé et changer le cours des événements. Mais la Brigade Temporelle, une police du temps, le traque à chaque époque. Débute alors une course contre la montre pour le Visiteur du Futur… 102 minutes qui m’ont personnellement laissé perplexe car, sans avoir franchement détesté, j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans, comme on dit. J’aime pourtant l’humour décalé voire déjanté, mais ici, le film n’hésitant pas à se prendre au sérieux avant de plonger dans l’humour potache. A vous de juger.
Les cinéphiles s’amuseront à repérer les clins d’œil – parfois appuyés – à Star Wars, Retour vers le Futur ou Terminator. Mais sagement Descraques et ses potes ont su adapter la SF au budget dont ils disposaient. Exemple signifiant, le costume du Visiteur a été créé de bric et de broc en fouillant chez Emmaüs. On est loin de Georges Lucas ! Ils ont également eu la bonne idée de créer une histoire qui soit dans la continuité de la série et qui puisse en même temps s’adresser à tout le monde. Mission à peu près accomplie, car pour moi, il reste quelques points plus qu’obscurs. Tout ça est réalisé avec des bouts de ficelle, mais comme c’est assumé, ça passe. Les effets spéciaux sont simples mais plutôt efficaces. Le montage dans le genre hystérique est fidèle à son modèle et les acteurs n’hésitent pas à en faire des tonnes avec beaucoup de gourmandise. Mais, c’est bien le mélange des genres qui m’a le plus gêné, comédie loufoque avec les deux personnages centraux – le père et sa fille – qui évoluent dans l’univers du drame. Un mélange, je le répète, pas très bien assumé. Dommage !
Florent Dorin, en super héros maladroit, s’en donne à cœur joie dans l’humour régressif. Le « couple », Arnaud Ducret / Enya Baroux semble un peu perdu dans cet univers, mais tire son épingle du jeu. La distribution est complétée par François Descraques himself, Simon-Baptiste Berhoun, Audrey Pirault, Lénie Cherino, et les caméos amicaux – attention pas faciles à repérés -, des potes de toujours, Davis Marsais, McFly et Carlito, Kyan Khojandi, Monsieur Poulpe… Je salue al débrouillardise et plus de 10 ans de travail de toute l’équipe très investie dans ce projet un peu fou. Artisanal et généreux. Une question reste posée : est-il possible de faire cohabiter SF, comédie farfelue et drame ??? Je n’en suis pas convaincu.