C’est une bonne surprise que ce « Visiteur du Futur ». Il parait qu’il s’agit de l’adaptation au cinéma d’une web série, que je ne connais pas. Mais pas d’inquiétude, j’ai tout compris même sans connaitre quoi que ce soit de la série initiale, ce qui prouve que le scénario est suffisamment bien tenu pour être compréhensible par un total néophyte. Je me plains souvent du côté « ronron » du cinéma français, de son manque d’audace et d’ambition, et bien voilà un film différent ! Dans sa forme déjà, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, le film est rythmé, plutôt drôle (sans jamais oublier de glisser un peu de tendresse çà et là), il y a beaucoup de scènes d’action, d’explosions et de combats mais ces scènes ont le bon gout de ne pas s’éterniser, se multiplier inutilement et se prendre trop au sérieux. La musique est agréable, pas trop envahissante. Les costumes, les décors, les effets spéciaux sont au-dessus de la moyenne.
Même les zombies (oui, car il y a des zombies, entre autres choses) ressembleraient presque à ceux de « The Walking Dead » !
D’ailleurs le film pioche dans beaucoup de références de ce type-là, il fait penser à la célèbre série de zombie mais aussi à « La Cité des Enfants Perdus », à « Robocop », à « Je suis une légende », etc… Au-delà du simple et évident message écologiste, le film se veut une vraie dystopie,
comme le prouve la toute dernière image
. Honnêtement, dans la forme le film de François Descraques est assez irréprochable. Le casting est composé de comédiens qui me dont pour la plupart inconnus, et dont j’imagine qu’ils viennent de la série originelle. Il y a malgré tout quelques têtes connues, comme Arnaud Ducret, MacFly et Carlito (scène d’ouverture très réussie et qui donne le ton de tout le film), Alex Ramirez ou encore Simon Astier. Petit jeu : essayer de repérer les autres têtes connus dans la scène du « bar », bon courage à vous et bravo aux maquilleurs et aux costumiers ! Mais on va surtout souligner la performance de Florent Dorin, Raphaël Descraques, Enya Baroux Audrey Pirault ou encore Mathieu Poggi. Dans ce film qui est presque un film choral étant donné le nombre de rôles, ils sont tout à leur affaire dans l’humour comme dans la gravité. De l’humour, il y en a beaucoup dans « Le Visiteur du Futur », un humour moderne, efficace, qui fonctionne bien. Et pourtant, le sujet de fond est d’une gravité totale : éviter l’apocalypse nucléaire (l’image de Paris détruite est réussie) en changeant le cours du temps. Les films sur les voyages dans le temps et les fameux paradoxes temporels, ce n’est pas nouveau. Ici nous avons d’un côté ceux qui veulent changer le cours du temps pour faire le Bien, et de l’autre, tout faire pour qu’ils ne change pas afin d’éviter des périls encore plus graves. Encore plus grave qu’une apocalypse nucléaire ? J’ai un peu de mal à l’imaginer mais admettons… Ici, le Bien et le Mal ne sont pas clairement identifiés, les personnages ne sont pas bêtement binaires.
La rencontre de la jeune Alice de 20 ans avec la jeune Alice de 30 ans est là pour l’attester, les choses sont plus compliquées qu’on ne le voudrait
. Le scénario est suffisamment bien fichu pour nous embarquer jusqu’à la dernière image sans nous perdre en route (et sur ce genre de sujet ce n’est pas évident) et sans qu’on devine d’emblée où il va nous emmener. Franchement, c’est un bon scénario assez solide, pas bateau et assez original pour être souligné. « Le Visiteur du Futur » pourrait être vu comme une parodie mais je crois que c’est plutôt un film de genre. Le genre en question, que l’on peut qualifier de « film apocalyptique » ou « dystopie écologique » n’est pas très répandu en France, ça fait déjà plaisir d’en voir un qui tienne bien la route. En plus, il a le bon goût de s’appuyer clairement sur un humour omniprésent, efficace et qui ne dénature pas le scénario. Du coup, cela donne un film ambitieux, drôle et réussi, qui, mine de rien, fait aussi passer un message. Ça fait du bien de voir du cinéma français un peu différent, qui ose et qui n’a pas peur de voir grand