Tendrement daté, ou terriblement ringard ? Peines d'amour perdues joue à fond la carte du théâtre filmé et de la comédie musicale des années 50 sur fond d'une pièce de William Shakespeare peu connue et revisitée, ce qui a à la fois son charme et ses défauts. On attaque d'estoc Kenneth Branagh (parce qu'on l'aime bien) en disant d'emblée que le format est ringard : les décors sont en carton-pâte mal faits (ça pique les yeux), les chorégraphies ne sont pas assez travaillées (il y a beaucoup de mouvements en retard, à moitié, ratés), les chansons sont des classiques (The Way You Look Tonight, Cheek to Cheek...) coupés n'importe comment et qui ne durent qu'une petite minute à chaque fois, les situations théâtreuses nous font lever les yeux au ciel (le Roi qui se cache derrière un bonsaï), certaines prestations d'acteurs nous laissent dubitatifs (le cabotinage extrême de Timothy Spall), et on ne voit pas l'intérêt d'avoir décalé la chronologie de l'intrigue sous la Seconde Guerre Mondiale (cela n'apporte rien, et en plus Branagh devrait réviser ses cours d'Histoire, car il fait finir la Seconde le 11 novembre... Hum hum). Mais voilà, ce qui nous empêche de totalement détester cette pièce, voire même nous propose de l'aimer, c'est cette envie du réalisateur de nous faire découvrir son travail, celui de Shakespeare (on ne connaissait pas la pièce), et le style music-hall du siècle dernier, tout cela à la fois et avec le sourire, s'il-vous-plaît. Son enthousiasme est communicatif, le film est assez court (1h30), on aime retrouver quelques sons de Frank Sinatra, et la tendre romance mêlée à beaucoup d'humour forment un cocktail bien agréable. On passe facilement l'éponge sur la flopée de défauts maladroits, car le fond est sincère et Kenneth Branagh arrive vite à nous prendre par la main pour nous mener dans la danse.