septiemeartetdemi.com - Les Ocean's sont censés être bons pour leur genre. Je ne vois pas en quoi. Le film commence à six secondes par des voix off derrière le logo des distributeurs, et ce n'est qu'un avant-goût du rythme que va tenir le scénario, poussant les acteurs à une telle densité de dialogues qu'ils semblent tous être pressés de dire leur réplique. Le casting est censé être bluffant (Brad Pitt, Matt Damon, George Clooney, Julia Roberts, Andy Garcia) mais ce sont surtout leurs personnages qui vont se bluffer entre eux, jusqu'à ce que le spectateur perde pied et se sente transporté... dans un pays où la crédibilité est une légende et où le secteur « clarté narrative » est géré par les scénaristes d'Inception par des inserts rugueux dont on a l'impression qu'ils ont été glissés là comme un ciment à prise rapide.
On pourra essayer d'excuser la facilité avec laquelle les personnages, dont le but n'est nul autre que de cambrioler un grand casino de Las Vegas, arrivent à improviser, prévoir et construire des tas de trucs en deux semaines. On peut arguer, à la rigueur, que Ocean's est au cinéma ce qu'un burger bien gras est à la bouffe. Comme tous les blockbusters, me direz-vous, mais au moins celui-ci tape-t-il dans le genre « cambriolage classe » avec un extra de ketchup. Et on peut ajouter sans trop se planter que le pourquoi et le comment sont plutôt bien ficelés.
Mais je vais trop vite ; pas besoin d'aller jusque là pour s'énerver. La psychologie des personnages, qui devrait tenir de l'entraînement militaire vu les exploits dont ils sont capables, n'a aucun fondement. Le bluff dont je parlais tantôt, c'est sur le spectateur qu'il est exercé ; on croit à une quinte flush quand Soderbergh n'a qu'un full à nous exhiber ; celui du casting, pour ce qu'il vaut. Car leurs noms ont beau être grands, ils n'ont aucun caractère. Et puis, je suis le seul à penser qu'il manque DiCaprio dans cette histoire ?
Pour finir de boucler cette critique qui est allée un peu plus vite que la musique (constituée d'ailleurs de titres mainstream, sporadiques et coupés), reprenons le concept de crédibilité , il s'agit donc d'un cambriolage. Mais monsieur Ocean (Clooney) compte sur un bonus : récupérer sa femme. En effet, pendant qu'il était en prison (cherchez pas pourquoi, on connaît rien du passé des gugusses), elle s'est mise en couple avec le patron du casino (ben tiens) et Clooney compte lui montrer de quel genre de mufle il s'agit en réalité.
Ce n'est pas comme si on avait besoin qu'Andy Garcia et Julia Roberts (le couple ainsi formé) dénotassent la nature de leur vie de couple ; pour ça, quelques secondes d'yeux doux suffiront. Par contre, on montrera largement, en deux scènes, que l'intéressée n'a aucune envie de renouer avec son ex-mari... ce qui ne l'empêchera pas d'attendre sa prochaine sortie de prison (oui, parce qu'il y retourne, mais juste pour quelques mois, ce n'est pas comme s'il avait récidivé après en être sorti pendant deux semaines) pour lui montrer qu'elle lui a menti en lui disant qu'elle avait vendu son alliance. Niveau scénario, ça se pose là et j'ai plus rien à dire.