Un terrain de jeu : Las Vegas, des joueurs ambitieux : Les onze d'Ocean.
Le cadre du récit est posé, assez tôt dans le déroulement de l'histoire, et fait saliver en même temps que les personnages le spectateur, avide de couvrir cette épopée qui s'annonce magistrale.
La première partie du film va donc se consacrer à nous présenter les personnages et leurs buts avec beaucoup de souplesse et de légèreté. Les personnages eux-mêmes sont toujours dans l'humour propre aux malfrats-classes (tels qu'ils sont représentés) et ont chacun leur personnalité qui se dégage avec facilité et se transmet aisément aux spectateurs. La puissance des dialogues sont donc d'être à la fois concis, drôles et informatifs, et toujours bien agencés les uns par rapport aux autres. Les séquences s'enchaînent donc avec beaucoup de souplesse (comme dit précédemment) en se reposant sur la douceur du cadre spatial choisit et des dominantes de couleurs vives, ainsi que sur les voix apaisantes des personnages.
Cette première partie franchie, relativement longue mais inévitable, les désirs des personnages vont se resserrer d'avantage, devenir plus clairs et moins évidents à faire correspondre les uns avec les autres. La tension croît au fur et à mesure du film à l'approche du jour J, et les séquences de suspens se font plus nombreuses, tout comme les doutes des personnages apparaissent plus efficacement. La découverte du principal antagoniste n'est pas exempt de tout défaut mais reste agréable, notamment grâce à la qualité de son interprète. J'ai par contre moins été convaincu par l'apport de Julia Roberts, non pas en tant que personnage-désiré mais au niveau des scènes qui la mettent en action.
Suivent une bonne heure d'action pure, toujours rythmée par une intensité dialoguée de grande qualité et un montage dynamique, qui finit par donner lieu à une expérience audiovisuelle des plus plaisantes. L'histoire réserve quant à elle diverses surprises et se distingue par l'ingéniosité dont elle fait preuve et qui renforce la complicité avec les personnages. Et quand bien même divers points du scénario dévoile des faiblesses en terme de logique réaliste, peu importe, le plaisir est là et les défauts sont vite oubliés pour laisser place à du bonheur pur. On en arrive à éclipser le but principal de l'histoire (l'argent) pour se concentrer sur l'instant présent et l'apprécier en tant que tel, ce qui reste le signe d'un film qui prend le spectateur dans ses filets et lui permet de vivre l'expérience en la dégustant scène après scène.
Drôle, percutant, intelligent et marquant, Ocean's Eleven reste pour moi, dix ans après sa sortie, une combinaison parfaite entre intrigue idéale, action jouissive, et casting ahurissant. L'un des meilleurs films de braqueurs qui m'ait été donné l'occasion de voir.