Difficile d évaluer un tel film. La curiosité et l ouverture d esprit est quelque chose qui se travaille, s améliore. Qui a suffisamment de curiosité pour aller voir un tel film à de forte chance d avoir une certaine conscience du monde, des connaissances préexistantes sur les propos, les sujets du film. Et ce film risque fort de paraître pauvre. Qui n a pas encore développé sa curiosité à l autre risque fort de ne pas trop s intéresser à ce film car il va lui sembler trop mielleux, trop plein de bondieuseries, trop idéaliste probablement aussi, et en tout cas, il risque de se sentir « agressé » car il percevra les sentiments qu il est supposé éprouver et ne les ressentira pas.
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Je crains donc que ce film ait du mal à trouver un public. Pour moi, son meilleur public possible est celui des gens ayant des convictions religieuses qu’ils ne mettent habituellement pas en pratique mais pourquoi iraient-ils voir un tel film ?
Malheureusement, cela m a l air quasi impossible de parler d un film qui parle de société sans discuter de ce qu il dit et de rester factuel.
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Cas 1 : le spectateur empathique expérimenté, cas dans lequel je me considère. Je trouve le film trop superficiel, qu il ne m apprend pas grand chose, je n ai même pas sentit de moment particulier d empathie. J ai vu tellement de chose bien mieux expliquées, détaillées, que j ai eu l impression que le film n allait rien m apporter de nouveau. Il y a deux choses qui m ont semblé un peu remarquable. Vers le 2nd tiers du film, cet homme en blanc cadre au milieu du torse avec le regard légèrement dissymétrique. Cela fait 15-20 mn que le film est fini et j ai déjà oublié ce qu il disait. L autre chose qui m a intéresse est cet assistant hindou qui dit qu il étonne car il participe sans partager les convictions religieuses de l organisation. Ça fait belle lurette que je le sais mais chaque fois que je dis que c est tout à fait possible, je ne suis pas vraiment cru, et c est la première fois que je le voit si ouvertement dit dans un film.
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L arche s occupe de handicap mental. Je regrette beaucoup que la seule parole accordée aux handicapés est pour dire du bien de l arche et de jean Vanier. Absolument rien n est dit je crois sur des souci bien plus important que de savoir s ils trouvent l arche bien et jean Vanier une belle personne : le droit a l autodétermination, à l indépendance et en particulier financière, les relations avec les familles, la sexualité, leur espérance d avenir, ... Ils ont des idées sur tout cela, sur ce que la société peut faire pour mieux les traiter, pour mieux les aider. Les pensionnaires qu on nous montre sont trop heureux et satisfaits de leur sort pour moi. Je trouve fascinant ce que je sais de la façon de faire dans les pays du nord : petite structure, présence discrète des éducateurs, auto gestion assistée - en particulier financière (ils ont un peu d argent je crois et pas un simple petit argent de poche. Assez pour faire eux même leur course, probablement pour employer quelqu un pour les aider, ...). Le modèle de l arche me semble trop clos et trop géré par les assistants pour ce que je souhaite aux handicapés mentaux. Ce n est que mon souhait de quelqu un qui s est fait sa propre opinion par sa curiosité sans avoir été jamais réellement confronté à ses principes en la matière.
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Cas 2 : le spectateur ne s étant jamais confronté à ces sujets. Le film ne me semble pas présenter grand chose de la problématique. Tout ce qu il me semble dire c est qu ils sont mal traités, qu ils sont les premières victimes de guerres, des crises économiques.
Le film consiste beaucoup en une hagiographie un peu creuse qui ne me semble pas susceptible d éveiller l intérêt pour ces questions, d éveiller de vocation. Juste une petite prise de conscience le temps du film. De toute façon, je doute qu un tel spectateur commence par ce film. Il commencera pour moi par un reportage à la télévision dans une émission de reportage, un second, élargira le sujet, mais n’ira au cinéma voir ce film qu une fois bien plus avertit. Et il a peu de chance de le voir à la télévision aussi. Trop long pour une émission de reportage de prime Time, trop peu attractif pour se suffire à lui-même. Sauf peut être sur KTO mais la, on revient quasiment au cas 1. S adresser à quelqu un qui connaît déjà (je ne pense pas que KTO soit regardé au hasard de la découverte).
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Pour ce qui est du film en lui même, je n ai pas remarqué de plan, d organisation. C est comme les discours de jean vanier. Il me semble qu on ne le voit pas une seule fois avec des notes. J imagine qu il parle comme les propos lui viennent. Il arrive que dans une même séquence il se répète, parle un peu dans le vide, meuble de mon point de vue. Je crois que le film a le même travers. Je doute très fort qu il ait un plan. Il commence sur la création de l arche, mais après, c est bien moins stricte. Je pense que l objectif était de poursuivre sur le développement, l actualité (le présent) pour finir sur les principes et valeurs. Mais cela ne m a pas l air respecté.