Si le film nous prévient en préambule « inspiré d’une histoire vraie », ce n’est pas la même chose que « d’après une histoire vraie ». Pour ce dernier cas, il y a toujours des sceptiques pour mettre en doute le récit tellement que cela leur paraît invraisemblable. Pour d’autres, ils l’admettent du bout des lèvres : « Comme c’est une histoire vraie, je dois l’accepter ». En ce qui me concerne, j’avais contesté l’honnêteté de Roschdy Zem pour son film « Chocolat » parce qu’il avait opté pour un portrait très subjectif, angélique de son héros occultant sciemment les mauvais côtés de celui-ci. Donc, mieux vaut s’inspirer d’une histoire vraie pour légitimer l’extrapolation. C’est le cas de « La source ». Ce film s’inspire d’un surfeur Karim Braire, lequel a écrit un livre qui a fait polémique à sa sortie : « La vérité est que Braire a écrit un livre en France en racontant une histoire fausse… » « … personne dans le milieu ne connaît Karim Braire. Ou si, mais pas pour les exploits dont ils se vante. » ou encore : « Contacté, Miky Picon, responsable des athlètes au sein de l’entreprise australienne, ancien champion de surf qui connaît fort bien le milieu parle d’une « vaste blague »… le présenter comme l’un des meilleurs surfeurs au monde, un chargeur de gros qui surfe des vagues de 20 m, c’est n’importe quoi… ».
Rodolphe Lauga a rencontré Karim Braire : « Pour la première fois, après avoir rencontré Karim qui a inspiré cette histoire, je me suis totalement reconnu dans son parcours. » Lequel ? Vaincre tous les obstacles de la vie quand vous êtes mal né pour prouver que tous les rêves sont accessibles si on fait preuve de détermination, si on se bat contre tous les préjugés ? ou se la jouer mythomane ? Sans doute qu’à ce moment de la rencontre, la polémique n’avait pas encore eu lieu. Toujours est-il, force est de reconnaître que le parcours vrai ou pas de ce garçon des cités est un terreau pour construire une belle histoire. Celle qui permettrait à tous ces jeunes des cités de se reconnaître et de les inviter à se dépasser. J’ai pu lire ici ou là qu’il y a des sceptiques, je peux les comprendre quant au parcours de Samir (Sneazzy) : «… commencer le surf à 18 ans sans savoir nager relève de la mission impossible, pour surfer, ne serait-ce que 10 ans plus tard, des grosses vagues. Les seuls surfeurs qui arrivent à ce niveau-là ont tous commencé le surf à l’âge de 5 ans, et sont dans l’océan depuis leur naissance ! (Miky Picon) » Moi, aussi j’ai trouvé ça gros. Mais comme c’est un film, on peut légitimement exagérer, et on peut aussi l’accepter. Ainsi, cela fait briller nos yeux et serrer nos coeurs. En soi, le récit est acceptable, mais par contre, il y a des lignes de dialogues confondantes de nullité. Par moment, ça sonne faux. Par moment c’est très artificiel pour souligner la fracture sociale, les clichés. Dans la cité, j’ai l’impression que les comédiens caricaturent des caricatures. Quant à Christophe Lambert, j’avoue suffoquer tant sa voix est désagréablement écrasée. Je ne parle même pas des prothèses qu’on devine sous ses vêtements. Ridicule. Cela dit, il arrive à dégager de l’émotion. Sneazzy pour un premier rôle s’en sort honorablement en interprétant un personnage pas si séduisant que ça. Ses sautes d’humeur sont déplaisantes, ingrates et malheureusement clichés. Pour faire très court, « La source » se révèle être un petit filet d’eau sans importance.