Il aura fallu être patient avant l'arrivée d'un troisième opus. Exactement douze années le sépare de son prédécesseur, qui, au-delà de cette magnifique conclusion, laissait déjà entrevoir l'élaboration d'une suite toute aussi prenante d'un point de vue scénaristique. En effet, la saga Terminator est encore loin, très loin d'avoir épuisé toutes ses ressources, alors que le second opus comblait déjà le spectateur en tout point, se positionnant d'emblée comme l'un des plus grands films de sa décennie, en plus d'occuper une place de choix parmi les meilleurs films de science-fiction. Ici, ce n'est plus James Cameron, ce dernier s'étant vu retirer une bonne partie de ses droits suite au divorce d'avec sa femme, co-créatrice de la saga, alors qu'il avait déjà en tête dès 1997 l'élaboration d'un troisième film. Trop de complications à ce sujet ont donc permis à Jonathan Mostow de se charger de la réalisation de Terminator 3.
Peu connu du public, le réalisateur américain se retrouve face à un challenge des plus traîtres. Reprendre les rennes de la saga, derrière le créateur même de cet univers, suscite d'ores et déjà la désapprobation d'une grande partie du public, ne consacrant que peu d'espoir dans le contenu de ce troisième film. Une étiquette assez négative vient déjà se coller au dos du projet, discréditant en partie la plupart des thématiques à venir. Pourtant, Jonathan Mostow, bien conscient de cette situation fort délicate, prouve avec entrain son amour pour le travail réalisé précédemment de par ce désir de poursuivre le plus fidèlement possible la saga initiée par Cameron. En effet, au point de restituer dans leur exactitude certaines courtes séquences emblématiques (le "donne-moi tous tes vêtements", les lunettes se brisant sous le pied du Terminator...), le réalisateur réutilise ce qui avait tant marché et y ajoute même une touche d'humour rafraîchissante, une légèreté plutôt novatrice qui ne discrédite en rien le propos du film.
Incluant le T-X, une "Terminatrice", en guise d'ennemi principal, tel le T-1000 dans le second opus, Jonathan Mostow n'a pas oublié ce que faisaient les fondement même de la saga en terme d'action. Là encore, les courses-poursuites explosives et les combats de titans métalliques alimentent gracieusement le côté divertissant du métrage, avec tout de même un aspect plus lisse dans les effets spéciaux. En effet, Terminator 3 surprend bien moins que ses prédécesseurs car s'inscrit davantage dans son époque actuelle, post 2000, durant laquelle les autres X-Men et Spider-Man se partageaient l'affiche. L’originalité en moins, les scènes d'action font sans le moindre doute part d'une redoutable efficacité, faisant de ce Terminator 3 une honorable fresque visuelle.
D'autre part, ce troisième opus explore quelques abords scénaristiques intéressants. Malgré un aspect certes fort répétitif dans la narration, le film n'en est pas moins cohérent dans les grandes lignes de la saga. Même s'il a tendance à patiner arrivé à ses deux tiers, T3 s'avère surprenant dans sa toute dernière séquence, au point de remettre en cause toute une fraction de son scénario global. Arnold Schwarzenegger s'avère toujours aussi plaisant dans le rôle du T-850 (il a évolué !), caractère fidèle au second opus et conservant ici son allure si iconique. De même pour le duo Connor / Brewster (Stahl et Danes), certes un peu lisse et parfois dominé par ce cher Schwarzy, mais trouvant son lot d'importances, au point d'en être la pièce centrale de la dernière partie.
Terminator 3 : Le Soulèvement des machines n'a peut-être pas l'étoffe des ses deux prédécesseurs, mais il n'en est pas moins un troisième opus fort audacieux, ayant subi à tort la décrédibilisation d'une trop grande partie du public. D'un autre côté, était-il possible de pousser les balises encore plus loin, avec une si laborieuse élaboration et avec la venue d'un réalisateur quasi inconnu ? Je pense que ce film doit être pris en compte tel qu'il est, sans recourir à la banale comparaison d'avec ses deux aînés. Terminator 3 de Jonathan Mostow est une superproduction sans surenchère, flirtant parfois avec la parodie, laissant penser à un remake du second opus, dont le réalisateur parvient tout de même à s'en démarquer de manière exemplaire et finalement rappeler que Terminator certifie son identité de SF dépressive et intelligente.