Second long-métrage pour Orson Welles après son mythique et impressionnant Citizen Kane (1941). Cette fois-ci, il adapte le roman éponyme de Booth Tarkington (qui lui avait valut le prix Pulitzer en 1919 et qui avait déjà connu une première adaptation au cinéma, avec "Pampered Youth" en1925). La Splendeur des Amberson (1942) est une réussite à demie-teinte, car le scénario en lui-même prête à confusion plus d'une fois, la multiplication des protagonistes n'aidant pas à s'y retrouver. Cependant, comme avec son précédent film, Orson Welles fait un sans faute concernant sa mise en scène qui accumule merveilleusement des plans de toute beauté (surtout pour l'époque !). Réalisé en noir & blanc et en studio, les reconstitutions sont d'une grande réussite et notamment l'intérieur de l'imposante villa des Amberson. L'Amérique en pleine mutation, cette fresque familiale déchirée et cette critique corrosive de la bourgeoisie, Orson Welles y a pris un grand plaisir à nous faire partager ces moments, le résultat final est de toute beauté, on regrettera amèrement que le montage n'est pas été réalisé comme le souhaitait son réalisateur et qu'au lieu de cela, se soit les studios qui en aient fait qu'à leur tête.
Quand je vois qu'un tel degré de perfection peut être atteint... ça me fait déprimer. Car, si un jour, j'ai la chance de pouvoir faire du cinéma, jamais je n'aurais un tel génie... C'est à dire que "La splendeur des Amberson" est en tout points un film exceptionnel, si ce n'est extraordinaire. Mise en scène virtuose, que dis-je, magistrale, et d'une modernité incroyable (il serait trop long de s'étendre sur ses plongées, contre-plongées et travellings qui sont en un seul mot brillants), un noir et blanc monstrueux... Côté comédiens, là aussi, c'est d'une maîtrise proprement géniale. Cotten excelle, et Tim Holt livre une prestation époustouflante dans le rôle difficile qu'il tient. Et à propos des personnages... Ils sont à la fois d'une simplicité et d'une profondeur inouïes. Quel prodige de la part de Welles, que d'avoir pu retranscrire des personnages ordinaires avec une telle justesse! D'ailleurs, "juste" c'est bien le mot qui pourrait qualifier le film dans sa globalité. Juste, mais cruel. Cette fable est pourtant tout ce qu'il y a de plus crédible. Malheureusement éclipsé par le magnifique "Citizen Kane" réalisé un an plus tôt, ce film est néanmoins un immense chef-d'œuvre, et que tous les superlatifs mélioratifs au monde ne sauraient qualifier, tant il est allé loin dans les limites de la perfection.
L’histoire d’une famille riche au début du vingtième siècle : mère n’ayant pas fait le mariage adéquat, adulant un fils qui le lui rend bien, mais est pétri d’orgueil et de vanité ; soupirant de la mère digne et enrichi, éconduit par le fils ; tante célibataire attisant les jalousies, etc. Orson Welles suit la trame du roman à succès de Booth Tarkington. Aidé par l’excellent jeu des acteurs, particulièrement celui de Tim Holt (George Amberson), il parvient à créer l’émotion, et à intéresser le spectateur à cette saga d’amour et de haine assez convenue. Malheureusement, le montage n’ayant pas été réalisé par l’auteur, le film est raccourci, ce qui rend certains passages peu explicites, et on lui a adjoint une « happy end » peu vraisemblable. Les 43 minutes manquantes du film n’ont d’ailleurs jamais été récupérées. De plus, on ne retrouve nullement la virtuosité technique de Welles, si importante, tout juste a-t-on droit à quelques effets de profondeur de champ. Si la thématique de ce second film de Welles est proche de celle du premier (vanité des choses, grandeur et décadence, gâchis de talent, etc.), sa texture en est étonnamment inférieure, et il faudra attendre l’opus 3 (the stranger – le criminel) pour retrouver la flamboyance.
Je pense que ce film va de paire avec Citizen Kane. Dans les deux cas il est question de la vie. Mais içi c'est la vie au sens de la dynastie. On dit souvent que le fondateur est un aigle, le fils un Faucon et le petit-fils un vrai con, et bien içi je n'irais pas jquu'à ce point mais il est vrai que le petit fils conduit à la décadance de la famille. Décadance en ce sens qu'il y a dispertion, perte de savoir, et au final disparition des Ambersen. Ce plan centré sur le visage du Major Ambersen avec ces mots de Welles : il ne savait pas comment affronté cette endroit, un endroit où le nom Amberson n'aurai aucune valeur, illustre tout le film. A quoi bon se faire un nom si au final on est pas prêt à mourir. Et si l'on est pas prêt, c'est car on n'a pas donné de sens à notre vie. MAis là, il est impossible pour les personnages de jouer aux échecs avec la mort pour donner ce sens, il faut accepter et mourir tristement. L'argent ne fait pas le bonheur, et le fils s'en rend bien compte au final. Alors oui il sera protégé financièrement, mais il retrouve le plus important : une famille, des gens pour qui on compte et que notre mort attristerait. Comme George Bailey la même année, George ne peut pas partir.
je suis déçu, déjà dans le DVD un mec vient nous cause de comme quoi le film a été amputé d'une heure… ça commence bien… mais que ça reste l'un de ses meilleurs… ben franchement je dirai que c'est le moins bon que j'ai vu de Welles, auteur maudit… Pas que la mise en scène ou que l'histoire ne soit pas bien, la voix off de Welles est toujours aussi envoûtante, mais il manque quelque chose à ce destin tragique de cette famille. C'est de loin pas mauvais, mais je suis déçu, je m'attendais à un chef d'oeuvre et je me trouve avec au mieux un bon film 3/4 car certaines scènes sont vraiment pas mauvaises du tout, c'est tout de même Welles à la réalisation…
La Splendeur des Amberson... Déjà le titre résonne comme les vestiges d'un prestige, comme un gigantesque mémorial habité par le théâtre, l'architecture et le cinéma. Ce n'est probablement pas un hasard si ce deuxième film succède à Citizen Kane dans la filmographie de Welles : Isabelle Amberson, icône shakespearienne par excellence, est un peu le Rosebud de cette splendeur, l'image emblématique campant le haut du balcon. Proprement flamboyante, la mise en scène renverse le spectateur lors de longs plans-séquence d'une incroyable modernité ; constamment en relief, émouvantes et gracieuses, les images se suivent avec une fluidité désarmante pour l'époque. Si Citizen Kane, premier chef d'oeuvre d'une longue série, fut remarqué pour ses innovations stylistiques, on peut bel et bien affirmer que La Splendeur des Amberson est un monument de maîtrise. Bien entendu, le happy end entâche quelque peu l'ensemble mais cette résolution bancale n'est qu'un détail vis-à-vis des qualités citées précédemment. A la fois grande fresque populaire et sommet du Septième Art, La Splendeur des Amberson est l'oeuvre d'une force de la nature. Inoubliable.
Splendeur est le mot qui convient... Ici, tout est grâce, harmonie, volupté. La caméra tourne autour des personnages en explorant un espace infini qui est celui de l'âme humaine. L'interprétation est d'une justesse inouïe et d'une classe folle, de Tim Holt à Agnes Moorehead en passant par Ann Baxter et bien sûr Joseph Cotten, au sommet de son art. Tourné dans l'élan de Citizen Kane mais malheureusement défiguré par une production exaspérée des caprices du grand Orson (qui pouvait être aussi insupportable qu'il était génial), ce film est tout de même, tel quel, un chef-d'oeuvre de virtuosité, d'intelligence, et tout simplement de cinéma.
Partons d'une considération toute simple : Orson Welles était un génie. Bon je sais que tout le monde le sait. Et maintenant je vais être un peu plus original : et si La Splendeur des Amberson était encore meilleur que Citizen Kane? Tout autant que ce dernier est je le concède un film formidable, The Magnificent Ambersons est une cathédrale du cinéma, un monument dont l'équilibre, la verve épique, la maîtrise esthétique nous coupe le souffle. Sur une heure trente, c'est une saga victorienne qui se présente à nos yeux et l'on ne voit pas défiler le temps tant l'intrigue est passionnante. Orfèvre en matière de théâtre, le film est empreint d'une puissance dramatique qui montre la maestria avec laquelle le génial réalisateur officiait derrière la caméra. Les longs plans-séquences, la profondeur de champ vertigineuse, la direction d'acteur parfaite... tout y est. Certes The Magnificent Ambersons pose moins de questions que Citizen Kane (pas de Rosebud en effet) mais il fait preuve d'une unité, d'une homogénéité et d'une majesté qui m'ont impressionné encore plus que Citizen Kane. Cette chronique de la décadence de la famille Amberson marque parce qu'elle dépeint des individus ignobles, égoïstes, vénaux, prêts à tout pour défendre l'"honneur" de la famille. A leurs côtés, les Morgan (dont le toujours parfait Joseph Cotten) attirent la sympathie par leur modestie et leur dimension de martyres face à la mégalomanie du pire des Amberson, George, atroce petit garnement devenu goujat et modèle d'égoïsme. Bref, pour résumer, La Splendeur des Amberson est un modèle de cinéma et un très très grand film.
De quoi parler? Du film, ou de ce qu'il aurait du être? Comme on ignore le deuxième, parlons du premier, le coeur saignant. Interprétation parfaite, ironie et intelligence, complexité passionnante des relations entre personnages (le héros et sa tante en particulier!), plan-séquences, mouvements d'appareil, angles de caméra... (enfin Welles quoi), décors qui se vident pour une famille qui ne voit pas croître son décalage par rapport au monde extérieur... sont abominablement altérés par un montage insensé, une fin à contre-sens du film, stupidement mielleuse, et des bouts de films qui manquent avec une telle évidence qu'on s'insurge! Car même sans le savoir, impossible de ne pas remarquer que le film a été saccagé scandaleusement, les intentions de Welles étant claires... mais pas respectées par son propre film! Le film reste un moment magique à passer, mais c'est surtout la preuve que dans le cinéma, l'argent l'emporte sur la créativité, à notre plus grand regret. Car ce film aurait pu être le deuxième chef d'oeuvre absolu d'Orson après Citizen Kane! (les autres étant un peu surfaits à mon goût) LE symbole du gâchis de l' "industrie" du cinéma.
13 706 abonnés
12 423 critiques
Suivre son activité
2,5
Publiée le 18 mai 2014
Sur le plan technique (plan sèquence, profondeur du champ), c'est remarquable! Pour le reste, "The Magnificent Ambersons" est un film mineur d'Orson Welles où, à travers deux amours qui ont èchouè, celui de Eugène (Joseph Cotten) pour Isabelle Amberson (Dolores Castello) et celui de George Minafer (Tim Holt) pour Lucy (Anne Baxter), s'exprime la transformation d'une sociètè aristocratique en une sociètè industrielle, et l'apparition d'une ploutocratie amèricaine. "Citizen Kane" aussi bien que "The Magnificent Ambersons" matèrialisent la croyance de Welles; comme il l'a lui-même dèclarè, en un mèlodrame qui veut être la dernière forme de la tragèdie dans le monde bourgeois et servir d'instrument de critique sociale! L'idèe n'est pas nouvelle au cinèma, telle "La règle du jeu" que Jean Renoir signe en 1939, soit trois ans avant "The Magnificent Amberson". En ce qui concerne Welles, son intèrêt ne vient pas seulement du fait qu'il introduit une nouvelle dimension dans le cinèma amèricain, mais aussi qu'il impose des personnages dèsenchantès, vaincus, qui, en peu de temps posent les bases de ce qui deviendra dans les annèes futures le hèros romantique par excellence du cinèma et constituent des facettes diffèrentes et fascinantes de sa personnalitè contradictoire: à part Kane et George Minafer, il est nècessaire de rappeler par exemple l'aventurier O'Hara de "The Lady from Shanghaï", le tout-puissant et vulnèrable Arkadin de "M. Arkadin", le policier Quilan de "The Touch of Evil", le sensuel personnage de "Falstaff" ou le très riche M. Clay de "Une histoire immortelle"...
Ce n'est pas le plus connu, mais c'est certainement l'un des films les plus réussis d'Orson Welles. Une fois encore, le réalisateur de "Citizen Kane" et de "La Soif du mal" fait preuve d'une maîtrise parfaite. Moins d'une heure trente et une saga qui se déroule comme le fil d'une bobine. C'est beau, d'une simplicité déconcertante et d'une puissance phénoménale. Orson Welles est bien un génie. Il est le seul réalisateur de film à faire de la littérature. Son film est si bien écrit qu'il pourrait être publié ! Incroyable.
S'il s'agit d'admettre qu'O.Welles manie avec talent et élégance la caméra, on peut en revanche lui reprocher le manque d'audace lorsqu'il s'agit d'adapter le roman éponyme. Un long métrage plaisant, mais sans génie.