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Charles R
51 abonnés
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4,0
Publiée le 30 septembre 2020
Le cinéma d’animation peut produire des merveilles. On ne le dit pas assez. Il y a déjà pas mal de temps que ce qu’on nomme le dessin animé a dépassé largement le cadre de l’univers enfantin pour traiter de sujets graves et s’adresser à un public adulte. Le film qui nous est proposé, Josep, est d’abord un hommage à un dessinateur catalan un peu oublié, Josep Bartolí, qui, durant la Guerre civile espagnole, a combattu dans les rangs franquistes avant d’être incarcéré dans un camp de réfugiés du sud de la France. Là il connaît de la part des gendarmes français la maltraitance et les brimades à répétition. Pourtant il se lie d’amitié avec un gendarme qui va le prendre sous sa protection. L’histoire qui nous est racontée procède d’une vérité historique, parfois romancée, qui nous conduit des camps de réfugiés en 1939 au Mexique dans les années 40 – où Bartolí deviendra l’amant de Frida Kahlo – et à New York où il connaîtra la reconnaissance et la gloire. La narration se présente comme un long flashback, un vieil homme sur le point de mourir – le gendarme qui a sauvé Bartolí – racontant à son petit-fils l’histoire qu’il a connue et dont sa fille ne souhaite pas entretenir le souvenir. S’agit-il vraiment d’un dessin animé ? Aurel, le cinéaste et dessinateur, répond par la négative. Il s’agit plutôt d’un « film dessiné ». En ce sens, c’est le trait qui est privilégié et non le mouvement. Souvent, du reste, les séquences apparaissent comme une suite de dessins figés, au graphisme au demeurant très étudié et épuré, même si le rythme n’est jamais perdu de vue par l’artiste. Outre les qualités esthétiques et la force du sujet qui est ici traité, un des atouts du film réside dans les voix des acteurs qui interprètent les rôles des différents personnages. S’il faut citer Sergi López, Bruno Solo, François Morel ou Valérie Lemercier, qu’il nous soit donné d’accorder le prix d’excellence à Gérard Hernandez qui prête admirablement sa voix au personnage du grand-père, lui conférant ainsi une véritable émotion et une réelle profondeur. Josep apparaît donc comme un de ces films qui ont marqué les dernières années dans le domaine de l’animation, d’une animation que l’on pourrait qualifier de discrète et d’intériorisée et que l’on a pu apprécier dans Valse avec Bachir ou dans Les hirondelles de Kaboul.