Retracer des pages sombres de notre histoire en recourant au cinéma d’animation, c’est original et c’est le pari risqué qu’a choisi le dessinateur Aurel ( Le Monde, Le Canard Enchaine) en rendant hommage au dessinateur et militant politique espagnol Josep Bartoli, réfugié comme des milliers de républicains espagnols qui fuyaient le franquisme, en France, soi-disant, pays des Droits de l’Homme, et qui se retrouvèrent parqués dans des camps que l’on appelait pas de concentration mais qui en avaient toutes les apparences, gardés par des gendarmes français haineux… à l’exception d’un seul , Serge, dont l’existence n’est pas vraiment confirmée dans la réalité, qui apporte de l’aide à Josep , des carnets, des crayons et qui dans le film en racontant sur la fin de sa vie cette histoire à son petit-fils Valentin, lui-même féru de dessin, va en quelque sorte transmettre le témoin , en lui offrant le dessin d’un mourant, saisi par Josep, et qu’il a conservé toute sa vie… le récit de cette histoire méconnue est porté par le vieil homme à la mémoire pas toujours précise, il embrase toute la vie de Josep Bartoli, des camps français de Rivesaltes et Argeles, à Manhattan où il terminera sa vie, en passant par le Mexique où il aura une liaison avec la peintre Frida Kahlo…C’est un film d'animation émouvant qui rend un hommage fervent à Josep Bartoli, militant et artiste qui, grâce à son courage et à son désir obsessionnel de vouloir témoigner de l'horreur, parviendra à échapper à la folie et à la mort.
Pour raconter cet itinéraire agité de Josep durant les années noires et les suivantes, Aurel, avec sensibilité et pudeur, entremêle les époques et met en scène à la fois l'épopée de Bartoli en son temps et le récit « au présent » de Serge…le trait est noir et acéré pour retracer le tragique des camps, mais la couleur revient avec Frida Khalo, flamboyante et éclatante comme l’espoir…
C’est relativement court pour éviter que le spectateur ne soit gagné par l’ennui, car la construction en flash-back peut brouiller le spectateur qui peine parfois à suivre le destin du héros, de même les images saccadées, qui rejettent volontairement la fluidité pour soi-disant valoriser le dessin pur. Ce sont les seules réserves que