https://leschroniquesdecliffhanger.com/2022/10/11/straight-up-critique/
Ici, on parle sexe, en mode cash et sans détour, ici une pipe rapide est une pipette. Mais ce n’est justement jamais vulgaire, tant modernité sur le questionnement des genres et l’intelligence sont partout, parfois en mode un peu brutasse, mais c’est une pelleteuse qui dépose un œuf dans sa coque, c’est Coluche en gants de boxe qui joue du violon. Un humour corrosif et incisif, des contrastes fous de créativité entre un vocabulaire très direct mais où tout amène à la finesse. C’est la première grande réussite de Straight Up, et c’est loin d’être la seule.
C’est tout à la fois burlesque, flashy et pop, ça enchaine avec une acidité, avec le rythme d’une jubilatoire persécution. Ça enchaîne et ça fuse comme pas possible. Intelligent, subtil et drôle, le film se construit au fil des échanges robotiques et frénétiques de Rory et Todd. Tous les deux bien décalés, en marge. Les dialogues claquent, nous éclatent et nous épatent, dans ce foisonnement de l’inventif, de la générosité et la déclinaison chirurgicale de l’absurde et du politiquement incorrect. C’est certes ultra dialogué, c’est même le fondement originel de l’œuvre, mais justement jamais verbeux.
Comme chaque séquence est un peu un nouveau monde, le déploiement des plans dans une folle multiplicité est également pléthorique, avec une caméra elle très souvent statique. Finalement, dans ce tout ce qu’il dit, dans tout ce qu’il est, Straight Up est totalement vertigineux. Tous deux dissertent, dissèquent, discourent et philosophent avant même de respirer. On est quelque part entre Rousseau et Sartre, on est hyper stimulés, on se fait bien remués et c’est très jouissif.
Au final, Straight Up, bijou de cinéma indépendant, est une variation d’1H33 d’intelligence et d’émotion. Il faut courir en salle, tant ce film nous surprend sans arrêt, sait où il va, tout en étant un peu fou. Ça tombe bien car on fait des choses un peu folles quand on aime.