La physique des particules pas plus que l’astrophysique ne sont mes domaines de prédilection mais, étant curieux de tout et avide d’en savoir davantage sur la constitution de l’univers, je ne manque pas une occasion de m’informer lorsque paraît un ouvrage de vulgarisation. Ainsi, en mars 2017, je lisais « L’Univers à portée de main » de Christophe Galfard, ouvrage qui me fit grosse impression. Et, comme toujours, quand il m’est accordé de lire des articles ou des livres sur ce sujet, je fus pris de vertige et totalement sidéré par les découvertes scientifiques les plus récentes ainsi que par les hypothèses formulées. Pour ne prendre qu’un exemple, il est prouvé que seule une toute petite partie de notre univers est visible et qu’il existe une antimatière que nous ne pouvons percevoir. Cela est d’autant plus avéré que, grâce aux accélérateurs de particules conçus par le CERN, il est désormais possible de créer de l’antimatière et même de la stocker pendant un temps limité.
Imaginer un film prenant en compte ces recherches scientifiques ne manque pas d’originalité. Pierre-Antoine (Thomas Daloz), un adolescent de terminale, et les autres élèves de sa classe font la visite du plus grand des accélérateurs de particules, dans le pays de Gex, tout près de la Suisse. Dans le tunnel de 27 kilomètres de long qui y est enfoui, les chercheurs sont capables de produire, à toute petite échelle, des conditions qui s’approchent de celles du Big-Bang. « On a construit quelque chose de très compliqué pour parvenir à quelque chose de simple, à la beauté qui est à l’origine de tout ce qui existe », explique le guide. Quoi qu’il en soit, il y a de quoi donner le tournis aux esprits les plus impressionnables.
Partant de cette réalité, des recherches menées dans ce lieu précis, le réalisateur en imprègne assez habilement le film, dépeignant la chronique d’un adolescent qui, sans cet apport, pourrait paraître assez banale. Même si le réalisateur s’efforce de poser un regard atypique sur Pierre-Antoine, sa bande de copains ainsi que la fille dont il s’éprend, on n’échappe pas à un certain nombre de scènes attendues quand il s’agit d’adolescents. Par contre, le film se démarque totalement de tout lieu commun lorsqu’il s’imprègne d’étrangeté, voire de fantastique. La visite de l’accélérateur de particules n’a pas été anodine et le réalisateur tire un parti intéressant, engageant son récit du côté de ce qu’on peut estimer s’apparenter à des hallucinations. Chaque fois que le film s’oriente dans ce sens-là, il est réellement fascinant.