Je viens de voir un des films les plus étranges de toutes mes expériences cinématographiques. Huis clos prenant, presque envoûtant, presque douloureux, car tout comme chacun des 5 personnages, on attend, on attend et... Rien ne vient ! Frustration !.. Et pourtant, on reste scotchés et on s'attache presque. Très intellectuel, philosophique, peu d'émotion mais beaucoup de réflexion sur l'amour, le désir, le narcissisme, le mensonge, l'illusion. Décor étrange aussi, dans les éclairages aux néons colorés d' un deux pièces au 28 ème étage d'une tour parisienne, face à la Tour Eiffel, la nuit. Le film s'achève aux lumières roses fluo d'une aube qui n'apporte ni soulagement ni conclusion, ni fin. On reste sur sa faim et pourtant on en redemanderait... Le personnage central est le seul absent, soit-disant enfermé dans la chambre, prisonnier des autres, 4 hommes homosexuels et une femme. Mais est-il vraiment là? Est-il vraiment dans la chambre ? Est-il vraiment prisonnier ? Ou bien sont-ce les 5 personnages visibles et "libres" qui sont prisonniers, eux qui vont, viennent, cuisinent, mangent et boivent de l'eau de vie de poire ? Les dialogues sont ciselés, cela participe aussi à la fascination que l'on éprouve dès les premières images... Une part est laissée à l'imaginaire du spectateur, mais pas si grande, car on sent tout de même guidé, conduit, voire manipulé ... Tout comme les 5 personnages de ce huis-clos de théâtre antique (unité de temps et de lieu) disent avoir été manipulés.