"AU NOM DE LA TERRE" chronique familiale et rurale de Édouard Bergeon, inspirée largement de la vie du réalisateur, l'histoire de vie d'un jeune paysan qui hérite de l'exploitation de son propre père et qui va devoir faire face aux problèmes financiers avec l'industrialisation à outrance, tomber dans la dépression, la déchéance et connaitre une descente aux enfers qui ira jusqu'à l'inéluctable, certes la mise en scène est classique mais cela n'empêche pas le réalisateur de nous emporter avec lui avec des scènes de simple mais parlante émotion comme celle où la fille regarde à la fenêtre avec amour le retour de son père après son hospitalisation ou des scènes puissantes comme les colères du paysan ou des scènes poignantes et bouleversantes comme celles de la fin, terribles de réalisme tragique mais sans pathos ni sensiblerie, et ici la famille à une rôle important, famille soudée et protectrice comme sa femme et ses enfants ou famille butée et fermée comme le grand-père, une saga familiale et humaine où les interprètes doivent être vrais et justes: Anthony Bajon confirme son talent et son charisme après "La prière", visage enfantin mais regard d'adulte avant l'âge pour ce fils digne successeur de son père, Veerle Baetens (pour moi une découverte) est superbe de sincérité et de résilience en femme et mère qui doit tout encaisser, Rufus est magnifique en grand-père, patriarche fier et buté, paysan d'autrefois, terrien planté sur ses certitudes, et puis il y a GUILLAUME CANET, qui porte ce film littéralement, on sent vraiment que le comédien s'est investi dans ce personnage, l'acteur -qui se bonifie avec l'âge- est ici d'abord fort et volontaire puis fragile et défait, déchiré et déchirant, il nous bouleverse et nous submerge d'émotion vraie, Cesar en vue, on est vraiment en empathie avec lui, c'est véritablement un chemin de vie tristement encré dans notre monde moderne (1 paysan se suicide tous les jours), on en ressort secoué car ça renvoie à notre monde avec force, un film constat et vrai coup de poing, social certes mais aussi et surtout terriblement humain, une vraie réussite du cinéma français de cette année !