Première œuvre de Léo Karmann dont le speech est intriguant (un astucieux mélange de fantastique et de drame, de remise en question identitaire et de premières amours impossibles), La Dernière Vie de Simon est loin de démériter. N'aurait été sa fin toute vue d'avance et son côté un peu niais, on était jusque-là conquis par le trio d'acteurs (surtout enfants, adorables et naturels à l'écran, les versions adultes assurant un bon service également) et sa mise en scène à hauteur d'enfant et d'ados qui sait appuyer sur ce qui fait mal : lorsque la mère déroule le tuyau qui relie sa jeune fille à une réserve d'air, notre sourire s'inverse instantanément en moue d'effroi face à cette révélation qu'on n'attendait pas si brutale au milieu d'un moment de tendresse). On s'apitoie vite sur ce pauvre enfant déjà si proche de la mort (et son "secret" dévoilé lors d'un jeu pèse encore un peu lus sur nos cœurs), mais on boude un peu, en revanche, sa version adulte trop drama-soap. L'alternance des deux acteurs (Benjamin Voisin et Martin Karmann) pour interpréter Simon est fluide et convaincante, on ressent réellement un unique rôle à deux faces. Aussi, pour ceux qui aiment "creuser le film", le réalisateur a semé quelques petits symboles : cet ado qui n'arrive pas à se construire une identité réelle travaille dans une miroiterie, lui renvoyant sans cesse ce reflet de lui-même qu'il n'est pas, mais aussi l'absence du vrai Simon (tous les miroirs vides qui l'entourent). Vraiment, on regrette cette fin qui nous rappelle quelques passages de plusieurs autres films comme The Good Heart (
le sacrifice de soi pour donner son cœur à l'être aimé
), ou encore le mélange de romance (fantastique) et de
don de cœur
que l'on a vu il y a un an à peine dans Last Christmas (bien que les intrigues n'aient rien à voir, on retrouve ces deux thèmes, qui justifient que l'on y repense). De même, le speech de départ de l'enfant "mutant" (on n'explique pas d'où lui vient son don : génétique, alien, magie...) peut rappeler à certains quelques épisodes de X-Files, pour notre part on repensera à l'épisode Terreurs Nocturnes de Doctor Who dans lequel un enfant a la capacité de changer d'apparence physique pour remplacer l'enfant qu'un couple ne pourra jamais avoir... Évidemment, lorsqu'on donne dans le fantastique, il est bien difficile de ne pas rappeler d'autres scripts, mais, à l'instar de son héros, La Dernière Vie de Simon choisit sa propre identité afin de devenir un film très sympathique à suivre. Une première œuvre qui fait bonne figure.