"La dernière vie de Simon" est un bel exercice de style qui empreinte son schéma aux films fantastiques que Spielberg ou Zemeckis ont pu initier dans les années 80. Magie enfantine saupoudrée de mystère, musique orchestrée, effets spéciaux minimalistes, histoire d'amour impossible ainsi que le thème de l'identité formulent une tonalité fantastique rare dans la sphère du cinéma français. Ici, pas d'épanchements sanglants ni d'histoires de monstres, d'aliens ou de fantômes... En cela, le film de Léo Karmann est ambitieux, original et osé. On décèle un réel soucis du détail dans la mise en scène qui promet de très belles inventions, de très beaux plans. La signature visuelle est selon moi la plus grande force du film car elle nous embarque rapidement par son esthétique et ses très nombreux jeux de lumières qui permettent de traiter justement le thème de l'identité. Outre son personnage principal, "La dernière vie de Simon" joue, en soi, sur plusieurs registres ; que ce soit le drame, la romance, le récit d'apprentissage, le polar ou le merveilleux. Là où cette invention m'a moins convaincu, c'est dans son scénario. La première partie, centrée sur la mise en place de ce pouvoir et de ce trio, fonctionne très bien, d'autant plus avec les enfants qui impressionnent par leur jeu et leur capacité émotionnelle. La dose de magie se marie parfaitement au cadre réaliste et l'enchantement opère, notamment grâce à la musique et aux quelques effets visuels. Mais la deuxième partie, se déroulant des années après, révèle les limites du scénario. En effet, tout devient plus confus et prévisible. Déjà, les acteurs m'ont beaucoup moins convaincu. Et ensuite, c'est comme si on perdait le fil d'une certaine logique dans l'histoire. Sans en dire trop, on ne cerne pas vraiment les motivations du personnage principal, sa nonchalance et ses remords. Les parents, quant à eux, sont la preuve d'un manque de logique scénaristique assez sidérant... Seul le personnage de Madeleine reste intéressant et palpable. Le tout se regarde avec plaisir mais c'est comme si l'histoire se perdait dans ses propres ressorts, quitte à perdre le contrôle et se transformer en une sorte de X-Men à la sauce French Touch, un peu absurde et en décalage avec son élan premier. Mais bon, le geste reste remarquable, tout comme l'image léchée. Mais je reste mitigé.