TITUS de Julie Taymor – 1999
Adaptation à l’écran de la tragédie homonyme de Shakespeare, Titus nous emmène dans une Rome antique anachronique où le sang coule à flots. Mise en scène théâtrale, discours éloquents et pompeux sont de la partie. Tout le monde ne sera pas le public adéquat.
Synopsis : Titus, général sans pitié, rentre à Rome après sa victoire sur les Goths. Prié par son frère Marcus de prendre le pouvoir suite à la mort de l’Empereur, il refuse et soutient l’héritier direct de Ceasar, Saturninus. Ce dernier s’entache de la reine des Goths qui n’aura de cesse de se venger de Titus pour la mort de son fils lors de la victoire romaine.
La forme globale :
Issue d’une pièce de Shakespeare, la forme du film est cohérente. Le film adapte la pièce d’origine de manière pertinente et lui apporte une réelle plus-value, qu’il s’agisse de la narration ou de la mise en scène. La cohérence d’un film permet de répondre à la fonction suivante : pour chaque élément du film, qu’apporte-t-il ? Ici, s’agissant de l’adaptation d’une pièce d’un grand dramaturge, le défi est d’apporter les éléments du cinéma sans affaiblir la matrice. L’utilisation de l’anachronisme est intéressante. Mélange de Rome antique, voiture des années 50s et armées de la Wehrmacht, le film implante ce mélange dans les décors et les personnages. Il établit des similarités et des parallèles à nos connaissances (le dictateur, par exemple) qui satisfont nos attentes. Il mélange habilement décors actuels (bâtiments grandioses d’Italie) et antiques.
La narration :
L’histoire est contée comme au théâtre, les échanges verbaux sont parfois à la 3e personne, les discours sont longs et complexes. Ils sont à la fois doux et brutaux à l’oreille puisque Titus Andronicus est une pièce violente. Cette violence se retrouve dans le scénario. Long et posé, il renforce l’aspect dramatique du film. Illimité et subjectif, il nous confronte à la souffrance de notre héros.
Une scène illustre ce processus : Aaron (le Maure) se rend chez Titus et donne une échappatoire à l’exécution de deux de ses fils : qu’il se tranche la main. Après une scène burlesque sur qui de Titus, son fils exilé ou son frère accomplira cette horrible tâche, Aaron repart avec la main de Titus, s’arrête et s’exprime face à la caméra. Le spectateur comprend que ce n’était qu’un subterfuge et que Titus ne reverra pas ces fils. Ce regard-caméra (que l’on retrouve au théâtre) est intéressant puisqu’il donne une information au spectateur et le rend en quelque sorte complice, écœuré et impuissant. Il renforce la mise en scène des futurs plans lorsqu’on lui porte les têtes de ses fils.
Le scénario ne cesse de nous surprendre avec ses rebondissements et exécute une vengeance expéditive sur leurs ennemis.
La mise en scène :
La mise en scène, théâtrale, est un des gros points forts de Titus. Le soin apporté à cet élément, tout comme aux costumes ou à l’éclairage, est très bons et enrichit l’intrigue et les dialogues. Titus comprend plusieurs scènes choquantes, sublimées par son décor ou le contraste des couleurs. Mais il laisse également place à la déduction, laissant au spectateur la libre interprétation des horreurs qui vont se dérouler. Certes, Titus n’est pas le seul film qui utilise à bon escient la mise en scène, par contre, il la travaille également dans des plans moins importants ce qui rend l’expérience très agréable.
Le jeu des acteurs est également bon. Tout particulièrement Anthony Hopkins, dans le rôle de Titus qui joue un personnage charismatique et dur.
À l’écran, la vue est généralement équilibrée (entre la gauche et la droite). Pour les scènes importantes, le contraste est bien implanté (un contraste fort dans certains plans) et renforce la mise en scène. De même, les valeurs de plans apportent un plus non négligeable à la mise en scène.
Cinematography :
Le film reste classique dans son cadrage et l’utilisation de la caméra malgré quelques effets particuliers ( la scène de fin et l'utilisation d'un ralentissent jusqu’à l’exécution de l’empereur). Enfin, de nombreux très longs plans sont utilisés ce qui met en valeur les paysages et monuments.