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khesanh76
16 abonnés
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5,0
Publiée le 5 février 2022
C'est un film sans fard sur la condition des travailleurs de l'ombre, la preuve Juliette Binoche n'est pas maquillée ! Le film monte en puissance et un autre volet se dévoile, comment font ces travailleurs de l'ombre pour tenir le coup ! Le film se termine sur un coup de massue : les deux mondes, celui de Juliette Binoche et celui de Kristelle ne peuvent pas se mélanger ! Je n'ai pas pu dormir après avoir vu ce film. Mais je vais acheter le bouquin de Florence Aubenas.
Cette adaptation du roman de Florence Aubenas offre une mise en lumière, une nouvelle fois, de Juliette Binoche, en toute simplicité et humilité. Ses partenaires de travail pénible sont épatantes : Christèle (Helene Lambert) et Marilou (Léa Carne), des collègues qui deviennent beaucoup plus. Sans m’appesantir sur les moyens mis en oeuvre pour s’immerger dans le sujet qu'elle veut connaître de l'intérieur pour le décrire, façon caméléon, ni sur la précision terriblement crue et sans détour des conditions de travail si difficiles de ces catégories d'emploi, c'est un sentiment d'inachevé et d’ambigüité qui me reste en tête au final. Et aussi une question sans réponse : pourquoi accepter cet ultime voyage pour un face à face intense, tout en refusant une dernière mise en situation à vocation d' apaisement ..? !!**
Dans le cadre des « Immanquables de l’été », j’ai vu « Ouistreham » de Emmanuel Carrère sorti en salle en 2021. Ce film est l’adaptation d’un livre de la journaliste Florence Aubenas qui avait raconté sa propre expérience de femme de ménage dans « Le Quai d'Ouistreham » paru en 2010. Marianne Winckler (Juliette Binoche), écrivaine reconnue, la cinquantaine, va volontairement s'immerger durant un an dans le monde du travail intérimaire, en travaillant incognito comme femme de ménage dans différents sites puis à bord des ferries assurant la liaison entre Ouistreham et Portsmouth où il faut faire une chambre en 4 minutes et laver les toilettes et passer la serpillère dans des espaces collectifs, et ce pendant l’escale qui dure 1 h 30, le ferry faisant 3 rotations par jour avec donc des horaires de travail impossibles. Marianne est au cœur même de la misère sociale mais va découvrir l’entraide et la solidarité qui unissent ces travailleuses de l’ombre, ignorées des voyageurs. Elle se liera plus particulièrement avec Chrystèle, mère de 3 enfants, qui lui offrira un cadeau très symbolique lors de son anniversaire. Mais que deviendra la relation entre toutes ces femmes lorsque la vérité éclatera ? Un film qui en plus de montrer - j’allais dire une nouvelle fois - la pénibilité et la précarité de ces emplois mais sans approcher les films de Dardenne ou de Ken Loach, aborde la problématique de cette relation biaisée qui ne peut que tourner à la trahison même si Juliette Binoche s’avère très convaincante. Une journaliste parisienne a-t-elle le droit de « jouer à la femme de ménage » … même si on peut dit-elle « mentir sans tricher » ? A noter que la compagnie Brittany Ferries a refusé les autorisations de tournage des scènes à l’intérieur du Ferry en raison de l'image « dégradée » donnée à leur entreprise…
L'adaptation du livre de Florence Aubenas est parfaitement mise à l'écran par Emmanuel Carrère. Comme à son habitude, Juliette Binoche interprète son rôle à la perfection et donne à voir la dureté de la vie des "invisibles" qui payent le prix d'un monde qu'elles concourent pourtant à faire fonctionner. Les acteurs amateurs donnent un ton très réaliste au film, à mi-chemin entre film et documentaire, à l'instar du "Nomadland" de Chloé Zhao. La particularité du film est d'insister sur une question induite par la démarche immersive de Florence Aubenas, celle de l'appropriation culturelle. La problématique ne concerne pas que les questions de genre et de race, elle touche aussi le discours social : peut-on comprendre et parler des "invisibles" sans en être une soi-même. Certes, Emmanuel Carrère est suffisamment intelligent pour laisser la question ouverte mais le fait de terminer le film sur l'amertume de Christelle peut donner au spectateur à penser qu'une transgression existe alors que la démarche est totalement justifiée. Un film à voir.
Un film poignant sur un univers d'invisibles, de petites gens, de cassos aux yeux des nantis dont les difficultés de tous ordres sont bien démontrées ici. Mais on y vois aussi une belle part humaine de solidarité et d'amitié entre les gens d'en bas comme il est si regrettable de les nommer. Une Juliette Binoche remarquable comme toujours et qui ne porte pas le film à elle seule tant les autres comédiens sont bons aussi. Un film à voir absolument surtout pour rappeler à ceux qui l'oublient que si les invisibles n'étaient pas là comment serait leur quotidien dans bons nombres d'endroits...
Ce n'est pas un film de cinéma. Ce n'est pas un documentaire. C'est mal filmé. Il ne suffit pas d'une bonne histoire pour faire un bon fim, il faut un bon réalisateur. Ici ce n'est pas le cas. Le côté difficile des horaires n'est pas bien montré: ici la vie est lente alors qu'on arrête pas de dire que c'est dur. On ne voit pas la différence entre les passagers des ferrys et les femmes de ménage. On ne ressent rien. N'allez pas voir ce film ! essayez le livre c'est surement mieux.
Ai vu "Ouistreham" mis en scène par l'écrivain-réalisateur Emmanuel Carrère d'après le livre "Le quai de Ouistreham" de la journaliste-romancière Florence Aubenas. Nul autre qu'Emmanuel Carrère pour mettre en image l'histoire de cette journaliste qui veut connaitre la crise économique et ses conséquences au plus près et qui se fait embaucher en tant que femme de ménage dans des entreprises et sur un ferry pendant plusieurs mois en Normandie. Je n'ai pas lu le roman-documentaire qui sert de base au scénario mais je connais très bien le travail d'Emmanuel Carrère qui "affectionne" également l'immersion dans des milieux divers et variés pour mieux écrire sur le monde, la position de l'écrivain et sur ses tourments personnels. Je ne m'attendais pas à un film autant cinématographique et la surprise fut excellente. De vraies idées de mise en scène, un montage, un cadrage très précis, une fluidité de mouvement de caméra. L'autre point très positif est l'interprétation de Juliette Binoche absolument renversante et de ses partenaires tous amateurs mais d'une grande vérité bouleversante d'énergie et de puissance de jeu. Dès le premier plan l'on comprend que la journaliste qui veut connaitre la vie des victimes du capitalisme et de la précarité au quotidien entre de plein pieds dans le monde de l'humiliation, de l'infantilisation, de l'inhumanité, de la rudesse de parole, de l'indifférence des institutions, des dirigeants, des gouvernants... En cela le film est très fort sans jamais être caricatural ou didactique. L'ambivalence que vit la journaliste alias femme de ménage est très bien dépeinte à petites touches imperceptibles et subtiles... Quand Marianne doit expliquer à sa copine la définition du mot "Azimuté" tout à coup elle se rend compte que c'est la journaliste qui parle et non plus la femme de ménage... malaise, idem quand dans un moment de joie collective, Marianne se met à pleurer la mort de son père... ces scènes sont très belles et ingénieuses. La musique répétitive et entêtante de Matthieu Lamboley, comme le travail de ces femmes, accompagne à merveille les images de cette normandie grise, froide et nocturne. Tout aurait été parfait si Emmanuel Carrère ne s'était pas pris les pieds dans son scénario aux trois quart du film. spoiler: Sur le ferry en partance pour l'Angleterre, Marianne qui est avec des collègues, est reconnue par un couple parisien amis de la journaliste. La scène est ridicule et d'ailleurs pas très bien interprétée, avec dialogues plats, manque d'inspiration... personne n'y croit sur l'écran et dans la salle ... à partir de ce moment le film qui penchait beaucoup vers Ken Loach et ses films fiction-documentaires bascule dangereusement dans une "Leloucherie-fictionnelle-surréaliste" manquant de finesse. La fin est totalement ratée et c'est dommage, car Emmanuel Carrère était tout près de signer un grand film. Mais n'est pas Stéphane Brizé ou Laurent Cantet qui veut. On retiendra donc une Juliette Binoche dans un rôle à la mesure de son immense talent et cela faisait trop longtemps que l'actrice n'avais pas été aussi bien employée ainsi qu'une myriade de comédiens amateurs époustouflants mentions spéciales à Hélène Lambert qui interprète une Christèle à fleur de peau et au très touchant Didier Pupin, Cédric dragueur très attachant et maladroit. Attachant et maladroit tout comme le film qu'il faut tout de même aller voir ne serai-ce que pour le sujet.
Ouistreham n'est pas un grand film, juste un très bon TV Film naturaliste et social. Cependant, Juliette Binoche élève l'intérêt du film par son jeu magnifique et entraine à sa suite les autres acteurs (amateurs, parait-il) à un niveau supérieur. De plus, le scénario échappe au pathos en ajoutant une question au sujet social, lui, assez basique : celui de la légitimité de la supercherie de cet écrivain en quête de "vérité"... Evidemment, la réponse n'est pas simple, d'ailleurs le scénariste se garde bien de répondre et propose deux approches possibles et opposées par le truchement de deux groupes de ses protagonistes (Nadège, Justine, Cédric d'un côté - Christèle, Marilou de l'autre) !
Drame social d’une rare qualité, remarquable à tous points de vue : beauté des images, mise en scène agréable, musique dynamisante. Juliette Binoche crève l’écran, et les autres acteurs - non professionnels donnent une grande vérité à ce film. Il y a du Ken Loach ici (genre Sorry we missed you), sur un ton moins désespéré mais pas moins poignant. La vie des invisibles de notre société, avec leurs difficultés d’emploi, leurs difficultés à boucler les fins de mois et le manque de respect vécu au quotidien a quelque chose d’insupportable. Comme le suggère le synopsis, la qualité de leurs relations d’entraide et d’amitié peut être remarquable. Et cela nous touche à coup sûr quand les acteurs ont réellement vécu cela. Il y a une certaine dramatisation par rapport à la réalité. Le scénario reflète l’engagement politique et social de Florence Aubenas, auteur du livre Le quai de Ouistreham, 2010. Oui c’est un film politique, mais son message passe sans leçon moralisante grâce à l’empathie qu’il suscite chez le spectateur. Ajoutons que le réalisateur questionne la démarche "d’infiltration secrète", qui entraine nécessairement une série de non-dits et de mensonges… il donne à réfléchir sur la question, sans forcer notre point de vue.
Je ne m'attendais absolument pas à ça. Un film d'une saveur unique qui va puiser dans l'authenticité du quotidien de femmes de ménage, pour expliquer à monsieur et madame tout-le-monde ces vécus. Y a aucune place au bluff, ni à la surenchère chère à l'égo. Tout est dit, suggéré et montré sans tabou, pour qu'on puisse ressentir ce qu'elles ressentent. Je suppose que ça devait être difficile de faire un film, donc pas un documentaire, mais un film avec une vraie histoire et une vraie construction de scénario, avec autant de simplicité et d'authenticité, sans tomber dans la complainte, ou dans l'ennui, ou dans l'émotion excessive, tout en restant fidèle aux choses. Plus on avance dans le film, ou je devrais dire, plus le film nous absorbe en lui, plus ça scotche. Et c'était aussi le but ; comprendre la vérité toute nue en se faisant sa propre idée. Je vais m'endormir moins bête cette nuit.
« Je veux rendre les invisibles visibles. » Pour son premier film en 16 ans, Emmanuel Carrère adapte le récit autobiographique de la journaliste Florence Aubenas qui s'est mise à la place de ces travailleurs précaires pour mieux les comprendre. Pendant six mois, elle a vécu la vie des plus démunis, enchainant les petits boulots pénibles à la recherche d'heures dans le but de « survivre » comme ces hommes et femmes qui luttent au quotidien. "Ouistreham" est avant tout une vraie histoire humaine avec de beaux portraits de femmes courageuses et lumineuses malgré les nombreuses difficultés rencontrées. Au-delà de la pénibilité du travail, on note aussi un très grand mépris envers ces personnes. Le discours du formateur sur le fait de devoir « insister » pour avoir un simple bonjour en dit long sur la manière dont ces personnes sont perçues. Au-delà du thème social qui est abordé, on peut se poser des questions sur la nature de cette investigation avec la journaliste qui a pris la place d'une personne qui avait besoin d'un travail et qui s'est « servie » d'autres personnes pour son propre intérêt. Si c'est le métier qui veut ça et que c'est nécessaire pour avoir un point de vue le plus sincère et naturel possible, on comprend que certaines personnes se sentent trahies par cette démarche surtout quand elles pensaient être dans une relation d'égal à égal et de confiance avec elle. D'un point de vue purement cinématographique, Emmanuel Carrère traite ce sujet avec beaucoup de justesse, d'humanité et de recul pour respecter les personnages. En somme, un bon petit drame social avec des personnages très attachants.
Marianne est une écrivaine reconnue qui, pour préparer son prochain livre qui traitera du travail précaire, s’installe à Caen et se fait embaucher comme femme de ménage. Sur le terrain, elle découvrira la précarité et l’invisibilité sociale d’un côté, l’entraide et sa solidarité entre les femmes de l’autre.
Pour son second long-métrage (de fiction) après avoir adapté son propre roman avec La Moustache (2005), Emmanuel Carrère réalise ici une libre adaptation du "Quai de Ouistreham" de Florence Aubenas (paru en 2010), sous l’impulsion de l’actrice Juliette Binoche, qui rêvait depuis de nombreuses années d’incarner le rôle principal.
A la manière d’un Ken Loach, le réalisateur parvient avec une réelle aisance à nous entraîner dans le quotidien harassant de ces femmes et mères de familles qui se lèvent aux aurores pour nettoyer & récurer les chiottes en un temps record sur un ferry du quai de Ouistreham. Une immersion dans la précarité de ces femmes dont la justesse repose sur le fait que le casting soit composé uniquement d’actrices non professionnelles.
A travers son roman (et enquête sociologique), Florence Aubenas y dénonçait la flexibilité du travail, des contrats à durée déterminé sans perspective d’évolution vers une « CDIsation », des postes à temps partiel et à des horaires contraignants. Le réalisateur a conservé certains éléments tout en y apportant une touche émotionnelle (la relation que noue l’héroïne avec les autres filles).
Emmanuel Carrère réalise ici un très beau film, oscillant entre la fiction et le documentaire, le tout, porté par d’excellentes actrices non professionnelles et une Juliette Binoche tout en sobriété.