Si Cédric Klapisch est désormais un réalisateur confirmé dans le paysage cinématographique français, notamment grâce à sa célèbre trilogie (« L’auberge espagnole », « Les poupées russes » et « Casse-tête chinois »), beaucoup, acteurs comme spectateurs, s’accordent à dire que le réalisateur sait dépeindre la société, son époque, génération après génération.
Ici, c’est la génération Y, deux trentenaires, Rémy et Mélanie, qui habitent Paris (ils sont voisins), vivant dans de petits appartements certainement au loyer très (trop) élevés, désabusés par la société, leur travail, une rupture pour Mélanie dont elle n’arrive pas à se remettre, mais on comprendra plus tard qu’au-delà de tous ces maux sociétaux auxquels notre génération doit faire face (eh oui, j’en suis…), la racine du mal peut-être bien plus profonde, souvent à chercher du côté familial.
Si Rémy fait une crise d’angoisse dans le métro, on comprendra par exemple plus tard que la petite fille qui lui sourit lui rappellera sa sœur, morte à 7 ans d’un cancer…).
Tout le long du film, on se demande quand la rencontre inévitable entre Rémy et Mélanie aura lieu, puisqu’on sait qu’elle aura lieu, ne faisant que se croiser. Mais avec toutes les raisons de se rencontrer que leur offre les hasards de la vie
(le fait qu’ils soient voisins, les courses chez l’épicier, le chat, véritable trait d’union inattendu…)
. Cédric Klapisch joue gentiment avec notre patience et nos nerfs, mais au final, la fin est à mon sens, parfaite…
La solitude des grandes villes, se retrouver seul, chacun chez soi dans de petits appartements, la précarité des emplois… Si on se demande au départ où le cinéaste souhaite nous emmener, et si on est fin observateur, on comprend certaines choses après coup, comme en quelque sorte des petites énigmes à résoudre, une sorte de « puzzle psychologique ».
D’ailleurs, si vous êtes justement attentif, vous verrez sûrement la courte apparition du réalisateur à l’écran lors de la réunion des psychothérapeutes.
Au final, ceux qui iront voir « Deux moi » en espérant une comédie romantique à la française seront sans doute déçus. Les spectateurs qui sauront voir au-delà et comprendre la profondeur du film apprécieront (ou pas). Il y a tout de même « une patte Klapisch » que l’on retrouve dans la majorité de ses films. Le seul à être un peu à part dans sa filmographie (même si je n’ai pas vu tous ses films), c’est « Ce qui nous lie », sorti en 2017, justement mon préféré (dans lequel justement Ana Girardot et François Civil étaient déjà au casting, avec Pio Marmaï). Tout était différent dans ce film, la construction, la bande originale (magnifique), la photographie… Mais « Deux moi », s’il surprend et déroute au début par sa tristesse apparente, est tout de même un bon film. Et si la fin reste ouverte, je ne suis pas convaincue de la probabilité d’une suite qui serait inutile au vu du cheminement antérieur (et intérieur…) de nos deux personnages.
Mon analyse complète du film sur mon blog: reves-animes.com