A peine le générique du film fut-il lancé que déjà j’étais en train de me dire que ce « Deux moi » je l’avais déjà vu plein de fois. Klapisch. Klapisch. Encore Klapisch. Les mêmes effets de split screen, les mêmes effets d’accélération, les mêmes captations de paysages ou de scènes de quotidien. En même pas deux minutes, déjà, j’étais en train de me demander ce que ce film allait bien pouvoir m’apporter de neuf. Mêmes têtes d’affiches que dans son précédent « Ce qui nous lie ». Même postulat de rencontres amoureuses que sa trilogie espagnolo-russo-chinoise. Jusqu’à nous refourguer une fois de plus son trip sur des chats qu’on perd… Non mais franchement Cédric ! Entre avoir un univers et tourner en rond, il y a quand même une sacrée différence. Et moi, après seulement quelques minutes de « Deux moi », j’avais déjà le tournis.
J’ai beau bien l’apprécier notre ami Klapisch, mais comme n’importe quel autre auteur, dès qu’il se met à bégayer, il commence à me fatiguer. Toujours ces mêmes personnages gentils mais qui ne savent pas voir et saisir les moments. Toujours cette envie de peindre une France bariolée mais heureuse, riche d’un multiculturalisme qui va forcément de soi. Toujours ces problématiques personnelles d’encroutement face aux petits conforts de la vie qui nous empêchent de prendre les bonnes décisions… Ici dans « Deux moi », il sera question de psychanalyse. Du besoin de se trouver soi avant d’être capable de trouver l’autre… Aaaah mais que de boboïtude ! Et moi qui avais pour habitude de citer Klapisch pour démontrer au gens que je n’avais intrinsèquement rien contre le cinéma petit-bourgeois parisien ! Là, avec ce « Deux moi », j’arrivais clairement au Klapisch de trop. Celui qui risquait de tout me faire rejeter en bloc. Et puis finalement, sur la deuxième partie du film : la surprise… Ou plutôt non : pas de surprise. Disons plutôt une confirmation que je n’espérais plus. Parce que oui, au-delà d’être un cinéaste bobo-parisien, Cédric Klapisch est aussi un auteur qui a une capacité réelle pour humaniser ses personnages. Ce mec aime les gens, ça se voit, et il sait le traduire à l’écran. Mettre en valeur les corps. Les courbes. Saisir les instants de sensualité. Offrir aux comédiens la possibilité d’exprimer une sensibilité à fleur de peau, notamment dans cet art consommé de l’émotion qui ressort mais qu’on s’efforce de contenir. Alors oui, au bout d’un moment les personnages deviennent touchants. Leur univers devient chaleureux et amical. Et le film parvient à se construire sa propre identité.
Et même si cette justesse ne lui empêche pas quelques maladresses, comme dans la gestion de ses musiques qui parfois ponctuent trop (ou mal) certains moments clefs (
je pense notamment à la rencontre finale entre Rémy et Mélanie
), j’avoue que la démarche globale a fini par me convaincre. J’ai fini par oublier les clichés du début pour ne retenir que l’exploration sincère de la deuxième partie. Et j’en suis même carrément venu à me dire que l’ami Cédric avait finalement su jouer intelligemment avec le fait qu’au fond, ce film on l’avait déjà vu avant. Parce qu’en effet, il était impossible de concevoir qu’à la fin de toute cette histoire,
Rémy et Mélanie ne finissent pas ensemble
. Pourtant, sur la deuxième partie, je me suis surpris à me dire : après tout peut-être pas. Ça ne s’impose pas. Et que ça se produise ou non, au fond l’intérêt n’est pas là. Ainsi, un peu comme son précédent « Ce qui nous lie », Klapisch est parvenu à me convaincre. Me séduire. Sans être un chef d’œuvre – sans être une révolution en termes de cinéma – ce film a su me faire passer un bon moment, me toucher, et sûrement (comme la plupart des Klapisch) je le reverrai avec plaisir. Donc oui, « Deux moi », malgré son titre peu séduisant, malgré son pitch et son affiche qui sentent l’usure, possède quelque-chose à offrir à son public. Et moi, rien que ça, ça me suffit amplement. Mais bon… Ça ne reste que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)