Révélations sur la fin du film.
Wedding Nightmare n'est qu'un potentiel horriblement gâché qui prouve que les studios hollywoodiens apprennent rarement de leur erreur; ne citons pas Warner, repensons plutôt au cas de Blumhouse avec American Nightmare premier du nom : le concept à lui seul provoquant l'évènement horrifique de l'année, les scénaristes ne se foulèrent pas en proposant une histoire de huis-clos sur une idée de base qui porte sur tout le pays; viser peu quand on peut faire beaucoup permet principalement de diminuer les coûts en sachant pertinemment que le public suivra.
Seulement, pour rapporter plus il faut mettre mieux : pas forcément plus de budget, mais des moyens mieux utilisés; gérer son scénario en choisissant de bons scénaristes (pas celui de Skinwalkers et Assaut sur le central du 13), ne pas se contenter de proposer une idée, amener plutôt au public le développement d'un concept : face à la purge, montrer l'horreur nationale, et ne surtout pas en faire un film d'action.
Il en va de même avec Wedding Nightmare : sur une idée de base qui rappelle justement le très bon Get Out de Jordan Peele, où l'idée permettait d'amener une critique sociale juste et à révéler, accessoirement, le talent d'un petit nouveau surdoué, Ready or not bascule très rapidement dans le registre de la farce en ne proposant plus qu'une suite de clichés trop appuyés pour pouvoir les trouver comiques, des personnages complètements idiots, des comportements débiles, une intrigue absolument inepte.
Les deux scénaristes font n'importe quoi : que ce soit Ryan Murphy, réalisateur de comédies romantiques et scénariste de séries populaires (notamment American Horror Story) ou Guy Busick, qui scénarisa il y a trois ans The Duke avec Pierce Brosnan, ils s'en donnent à coeur joie pour saboter l'entreprise de l'intérieur. Rien n'a de sens, c'est à en devenir chèvre : ridicule à plus d'un titre, leur travail témoigne d'un je-m'en-foutisme général fascinant.
Comment croire que cela rendrait ne serait-ce que convenablement? Forcément que c'est une catastrophe, catastrophe d'autant plus appuyée lorsque survient tout le bordel avec Satan, rendant impossible toute crédibilité à cette critique du fossé entre les souches sociales. Là où Get Out s'en prenait astucieusement à l'importance du paraître dans la vie des riches pervers en développant notamment l'incertitude et les faux-semblants, Ready or not ne laisse jamais planer le mystère, rendant toute identification aux personnages impossible, et détruisant les espoirs de ce qui aurait dû être sa principale qualité : le malaise causé par un milieu étranger qu'on est incapable de définir, de ranger du côté du bon ou du mauvais.
On sait dès le départ que la belle-famille est un groupe de psychopathes, ce qui nous permet d'une part de relever les défauts du film, et de l'autre d'imaginer toute la suite du scénario (qui mourra en premier, qui trahira qui (l'alcoolique est un sérieux challenger au poste avec le petit copain; reste à déterminer l'humain du vrai méchant), qui donnera un faux-espoir de rédemption (la mère, tiens), lequel est le plus fou (la tante vue en intro, surement), qu'aura apporté l'introduction du film aussi (vous pariez que ce sera important pour la psychologie d'un personnage en particulier?), et finalement à quoi aura servie toute cette histoire.
Si l'on connaît dès les cinq premières minutes la dernière réponse, les autres mettront plus de temps à arriver : cinq, dix, quinze minutes de plus jusqu'à se douter à sa première demi-heure de toute la suite des évènements. Même en étant prévenu, cela fait bizarre : si l'on sait pertinemment qu'on ne voit pas voir un film avec un tel titre pour son scénario, pourquoi aller le voir s'il est vendu comme un film d'horreur sans jamais donner aucun frisson?
En plus de se reposer sur des jumpscares tous complètement ratés, Wedding Nightmare vire très rapidement du côté de la comédie en se pensant capable de faire une satire habile d'un problème de société intemporel : ce serait moins gênant si, en plus de ne jamais y parvenir, il ne se prenait pas autant au sérieux en se pensant irrévérencieux, politiquement incorrect puisqu'amateur de démembrements de serviteurs et d'explosions de richards.
Un ridicule de fond involontaire qu'on retrouve forcément sur la forme : en passant outre ses vaines tentatives de faire de l'humour noir, on s'aperçoit du vide de la mise en scène d'un jeune duo ayant déjà travaillé ensemble sur The Baby, Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin. S'inspirant (un peu) de la façon qu'avait Kubrick de filmer ses intérieurs, ils tentent d'imposer la symétrie dans la baraque de la belle-famille sans jamais parvenir à faire vivre l'endroit, à donner un petit plan concis au spectateur, qui ne saura jamais où il se trouve dans ce n'importe quoi architectural.
Après tout, il n'est plus à ça près : à voir comment ils ratent la symétrie de leur cadrage, comment leurs pseudos expériences visuelles tombent à plat, on peut rapidement éprouver de la peine pour tant de volonté sans capacité d'exécution. Et si c'est définitivement aussi vide visuellement que scénaristiquement, nul doute que l'interprétation globale terminera de poser le film dans la catégorie nanar qui tâche et mérite une soirée dédiée entre potes, rien que pour la représentation de Satan en fumée de vieux bûcheron vengeur.
C'est un délire total qui détend dans un sens qu'il n'avait pas prévu; idiot, vulgaire et sans grande imagination, Wedding Nightmare se contente de recycler sans originalité les pires clichés trouvables dans le registre. On notera la ressemblance étonnante entre la jolie et délirante Samara Weaving (en plein surjeu) et la tout aussi jolie et délirante Margot Robbie.
Hilarant à ses dépens.