Après l'excellente biographie romancée du castrat Farinelli, Gérard Corbiau ne quitte pas brutalement ce qu'il aime filmer. Il s'attaque cette fois à une figure emblématique de l'Histoire de France : Louis XIV. Toutefois, Le Roi danse ne raconte pas académiquement son parcours, ce qui serait impossible à narrer intégralement, mais sélectionne une thématique très personnelle. Le projet est colossal, les moyens à la hauteur de l'attente. Benoît Magimel incarne en virtuose celui qui décide de prendre les commandes du pouvoir à lui seul; où le masque dissimule une immense passion pour l'art, principalement de la littérature, du théâtre, de la musique et de la danse. Dans son film, le réalisateur aborde l'ambiguïté ce qui lie cet homme à l'art qui l'entoure. Il est donc nécessaire de souligner que cette biographie n'en est pas une réellement, mais plutôt un aspect authentique, interprété par le symbole et l'analyse psychologique. De fait, Le long métrage raconte la passion du Roi pour l'extraordinaire oeuvre de Lully, compositeur de la cour. Pourquoi l'âme de cet être de pouvoir a t-elle autant penchée du côté des artistes de son temps ? En effet, le film évoque avec justesse les scandales des pièces de Molière, notamment celle de Tartufe, autorisée par le Roi, au détriment d'un poids moral et religieux tyranique. En outre, la réalisation aborde aussi l'évolution de la musique dans la vie de Louis XIV. Elle lui serait tout d'abord le support d'un art au service d'un plus important : la danse. Mais lorsque la vieilesse l'empêche de continuer à danser, la musique évolue dans un autre sens. Un nouveau genre apparaît, l'opéra, laissant place au chant et au jeu de scène. Du classicisme au baroque, symbole du temps qui passe, Le Roi danse est la fois une oeuvre accessible et somptueuse, mais dont l'existence d'un second degré renforce le contenu. Entre la biographie romancée et l'analyse des arts durant le règne du Roi Soleil, le film de Gérard Corbiau est densément beau.