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    Koenigsmark
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    Fêtons le cinéma
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    3,0
    Publiée le 4 février 2024
    Pendant trois heures, Kœnigsmark confond deux ambitions sans parvenir néanmoins à les réussir également : d’une part, l’approche documentaire de la reconstitution historique, avec le soin porté aux costumes et à la composition du décor, confiée à la maison parisienne André Groult, la retranscription de l’oisiveté d’une aristocratie soucieuse d’imposer son pouvoir par la splendeur de ses réceptions et de ses cérémonies ; d’autre part, l’ambition romanesque et sentimentale de ce destin de femme tiraillée entre des hommes qu’elle ne peut véritablement choisir, confrontée au mariage blanc dans la perspective, pour le mari, de rebondir depuis le duché de Lautenbourg vers le royaume de Mégranie. Sur ce point, la première partie du long métrage offre quelques belles scènes, telle l’antithèse, par montage croisé, entre la fête populaire célébrant les noces et l’isolement d’Aurore, enfermée dans sa tour d’ivoire qui ressemble davantage à une forteresse de solitude – son appartement, dit-elle, « n’est qu’une prison dorée où je m’ennuie » –, au visage démultiplié par la réflexion de plusieurs miroirs auxquels s’oppose la fenêtre ouverte sur le feu d’artifice public. De nombreux plans présentent notre héroïne seule contemplant l’horizon, rappelant les peintures romantiques de Caspar David Friedrich (par exemple Frau am Fenster, datant de 1822), ou captée derrière une grille, comme celle du salon privé qui impose une segmentation verticale de l’espace, plaçant Aurore derrière des cœurs métalliques.
    La découverte de Paris et les retournements de situation sentimentaux et politiques tendent pourtant à perdre de vue l’intime au profit d’une retranscription spectaculaire d’épisodes pensés ainsi : la vie parisienne, la romance sur le lac, l’incendie… La beauté et la nuance de jeu d’Huguette Duflos sont sacrifiées sur l’autel de l’image impressionnante qui illustre moins les passions des personnages – à l’exception du très beau travelling depuis le fond du salon de projection vers l’écran, mise en abyme qui dénonce le règne des illusions tout à la fois conçu par le film et cultivé à la cour et à Paris, ouvrant sur l’annonce tragique que s’apprête à tenir le père d’Aurore. Kœnigsmark devient plus superficiel, préférant se saisir de l’assassinat comme d’un élément à rebondissements et révélations multiples plutôt que comme la métaphore d’une culpabilité du masculin soucieux de forcer l’union avec le féminin et d’exécuter ses adversaires pour arriver à ses fins. La clausule rattrape de justesse ce déséquilibre, qui aura quand même duré plus d’une heure et demie !
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