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Fabien D
178 abonnés
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4,0
Publiée le 31 mars 2022
Bruno Reidal est un sublime film bressonien d'une violence âpre qui débouche sur une scène d'une brutalité à la limite du supportable portée par un jeune acteur incroyable. Rude mais fascinant portrait du mal mis en scène avec une grande sobriété, ce film sublime dur d'accès, ayant fortement, peut-être trop, recours à l'imagerie religieuse et psychanalytique est, sans aucun doute, l'un de films français les plus dérangeants et singuliers de ces dernières années assez proches des premiers films de Dumont. A voir !
Brutal et subtil, glaçant et touchant, ce premier long-métrage – étonnant de maîtrise et de puissance – sonde des abîmes humains horriblement tourmentés et laisse dans un état de sidération, de fascination et de trouble. L’histoire relate un fait divers, crime monstrueux, et brosse le portrait du criminel, à la lumière des Mémoires qu’on lui a demandé d’écrire. La reconstitution visuelle, d’un réalisme factuel, opérée avec un sens austère et cru de l’essentiel, semble guidée par la seule voix du protagoniste principal. On est immergé dans une conscience et dans des souvenirs, sans interférence d’un jugement extérieur, ni de la part des personnages auditeurs de la confession, ni de la part du cinéaste qui opte pour une distance éthique louable. On écoute la voix de Bruno Reidal, donc. Son phrasé limpide et fluide, d’une belle qualité littéraire. Son récit d’une franchise confondante. Sa façon d’exposer simplement et précisément ses conflits entre raison et pulsion irrépressible, de détailler névrose et psychopathie. Le film donne à entendre l’intelligence derrière la folie criminelle, la lucidité derrière le sadisme (« Quoi que je fasse, les scènes de meurtre sont pour moi pleines de charme »). Et la matière du discours, certes déstabilisante, est passionnante sur un plan dramatique, psychanalytique, philosophique. Matière pétrie de désir, de jalousie et de frustration, de satisfaction et d’ennui, de religion et de culpabilité, et qui lie fondamentalement le meurtre à la jouissance sexuelle. Tout dans ce film est d’une justesse au millimètre : narration, mise en scène, montage, interprétation (Dimitri Doré et Jean-Luc Vincent en tête). Sur un plan thématique et/ou stylistique, on songe au film de René Allio : Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère… On songe aussi à Robert Bresson. Ou à Georges Bernanos, côté littérature. Et puis au final, on ne songe plus qu’à Bruno Reidal. Qui laissera un souvenir impérissable.
Histoire de sperme et de sang. Soit un ado mal aimé, né dans un milieu dur (ruralité de dénuement du début du 20e siècle), perverti dès la prime enfance et, passé un apprentissage heurté en la matière, onaniste compulsif, pourtant doué intellectuellement... Et qui va commettre un acte ignoble, dont on ne nous cèle rien à la réalisation au début-même du film, avec réitération en point d'orgue ultime. Entre les deux temps, on nous propose une approche du pourquoi, en suivant l'examen psychiatrique de l'auteur présumé. Une "confession", annonce le titre. Voilà qui sonne opportun quand ce dernier, 17 ans, est pensionnaire au petit séminaire de St-Flour... Ce premier "long" de Vincent Le Port a des qualités esthétiques indéniables, façon chronique clinico-réaliste, voire vériste, mais est sérieusement gâté par le manque de perspective et finalement la complaisance. On en vient à se demander si, en "sous-texte", il ne faudrait pas débusquer quelque basse charge "anti-calotte" - après tout, l'affaire (réelle) a eu lieu en...1905. Remarquable incarnation (même si scénario roublard) du personnage-titre par le jeune Letton d'origine Dimitri Doré, "nominé" à juste titre pour l'édition à venir (février 2023) des César du cinéma ("Révélations").
On lit souvent, lorsque certains sujets sont traités au cinéma ou ailleurs, cette étrange expression : « âmes sensibles, s’abstenir ». Et c’est ce que j’ai pu lire dans certaines critiques consacrées à ce film français diffusé en 2022 et passé inaperçu.
Cette expression est comprise par tout le monde, est entrée dans le langage commun, et pourtant. Et pourtant, en effet, n’est-il pas étrange de considérer que, littéralement, des âmes puissent être insensibles ?
Si j’avais dû choisir le titre du film de Vincent Le Port, j’aurais choisi : « Bruno Reidal, confession d’une âme sensible ».
Il est tiré d’un fait réel très documenté pour des raisons que je ne partagerai pas, afin de ne rien livrer ici qui ne puisse nuire à l’expérience bouleversante que ce film propose.
Premier long-métrage de Vincent Le Port, Bruno Reidal est une passionnante plongée dans la psyché d’un paysan de 17 ans s’étant rendu coupable de la décapitation d’un garçon de 12 ans, dans la France rurale de 1905. Se basant sur les mémoires du meurtrier, ce film à la maîtrise impressionnante brasse de nombreux thèmes intimes et passionnants, tels que la maîtrise de ses pulsions, la lutte contre soi-même, la possibilité d’expliciter ses sentiments, le rapport à la foi et la rhétorique religieuse, l’influence de son environnement dans la perception du monde et de la compréhension de son moi profond, la jalousie de classes… Avec un Dimitri Doré magistral dans le rôle principal. Un film sec et hypnotique, qui contient des séquences à la violence très crue, et qui retourne avec brio notre cerveau de spectateur. Époustouflant.
"Bruno Reidal", histoire vraie d'un meurtrier d'enfant en 1905 dans le Cantal. Film dur, âpre, sec, d'une rigueur impressionnante. Film clinique, mise en scène ascétique, interprètes talentueux. Vincent Le Port met la barre très haut mais, au final, on a bien du mal à aimer son film et ses personnages, cette mise en scène brutale, rébarbative. Franchement, qui a envie d'aimer cette horrible histoire ?
Beau film inspiré de faits réels. C'est touchant et dur. Il y a une très belle mise en scène et narration, la bande son ajoute beaucoup à l'atmosphère. Dès les premières minutes j'ai su que ça allait être un film qui allait me marquer.
"Bruno Reidal" acclamé par la presse, présenté l'an dernier au festival de Cannes (semaine de la critique) est un drame criminel puissant. En effet cette histoire tirée de l'histoire vraie de Bruno Reidal, qui a décapité un enfant dans le Cantal au début du XXe siècle hante l'esprit longtemps après sa vision . Le réalisateur du film nous décrit d'une manière minutieuse et qui fait froid dans le dos le parcours d'un jeune adolescent qui l'a mené à commettre un crime horrible à noter la magistrale composition de Dimitri Doré .
Inspiré de faits réels s’étant déroulé dans le Cantal en 1905 ; Bruno Reidal est un jeune séminariste de 17 ans qui va tuer et décapiter un enfant de 13 ans. Mais comment en est-il arrivé là ? Plongé dans la psyché de ce jeune criminel, on assiste à tout l’examen psychiatrique mené par les médecins visant à savoir s’il doit être interné ou jugé. Et durant 100 minutes, c’est Bruno Reidal qui nous raconte son histoire, né dans un milieu paysan pauvre et peu aimé, via une voix off monocorde déshumanisé. Celle-ci est omniprésente et vient surligner bien souvent ce que l’on voit ou que l’on verra à l’image ; procédé devenant pénible à la longue. Ce film nous montre surtout comment peuvent naitre certains criminels ou serial killer ; d’une histoire personnelle compliquée, avec souvent peu d’amour voire étouffé d’amour et des maltraitances parfois. On n’apprend rien en fait. L’impact de la religion sur sa psyché est traité bien superficiellement comme bon nombre de pistes peu exploitées. Ressorti bien déçu d’un film assez mécanique, mais qui démontre tout de même que l’insécurité que certains déplorent aujourd’hui a été bien plus prononcée par le passé. TOUT-UN-CINEMA.BLOGSPOT.COM
Audacieux / surprenant et perturbant. Ce film est à la fois original au travers de son histoire mais aussi sur la forme avec une voix off tout au long du film .
Je souligne quelque longueur quand même et une difficulté à rentrer dans le film au début .
Âme sensible s'abstenir. Je ne dirai pas que c'est un super film mais c'est un film qui laisse pas indifférent en fait.
Déjà une semaine que j'ai visionné ce film et difficulté à rédiger cette chronique... Sans doute car mon cœur balance. Comment le détester ? Impossible de l'aimer ? Est-ce que je parle du film Est-ce que je parle de Bruno Reidal ? Là est ma question ! Il est rare que je ne ressente aucune empathie pour un personnage. Il est vrai que la narration très importante et nous maintient dans une forme de distance. Un texte véridique, lucide, intelligent, un texte très fort. Et pourtant ce garçonnet, cet adolescent, ce jeune adulte ne me laisse(nt) pas insensible malgré la froideur des sentiments, la violence des actes , alors comment dire ? On peut le décrire comme intéressant même captivant. Noir, sombre, introverti. Une folie poétique peut-être ? où cruauté et beauté des images (superbes) se mêlent. Des scènes très rudes, j'avoue pour moi insoutenables. Impression étrange d'avoir aimé le film sans avoir apprécié cette histoire si dramatique, chargée de traumatismes. Bref indécise : je conseille pour la qualité de la photo, pour la construction de l'histoire et pour le jeu des acteurs petits et grands mais je déconseille aux âmes sensible certaines images peuvent choquer.
Présenté à la Semaine de la Critique de Cannes et lauréat du Prix Fondation Gan, “Bruno Reidal, confession d'un meurtrier” s'inspire d'un fait divers qui a eu lieu dans le Cantal en 1905. Un jeune et chétif séminariste de 17 ans, Bruno Reidal, a décapité un enfant de 13 ans. Le corps a été retrouvé à la sortie d'un petit village. Enfermé, les médecins cherchent alors à comprendre ses pensées en l'interrogeant chaque jour. A son tour, le garçon se plaint alors de la tristesse de ce monde et s’enferme dans ses masturbations avec des pensées de meurtres. Ces obsessions sanguinaires ne semblent se matérialiser que par ses actes intimes. Marturbation par-ci, masturbation par là, et par un enfant en plus. Non, le message ne passe pas. Le long-métrage de Vincent Le Port dérange sans se justifier et emploie un ton monotone sans jamais décoller. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Peut-être sans le vouloir, ce film nous invite à le comparer à Benny’s Video (Michael Haneke, 1992). Dans les deux films, la pulsion meurtrière du personnage principal proviendrait de la fascination pour une même scène : la mise à mort d’un cochon – le geste létal, différent dans les deux cas, sera d’ailleurs reproduit à l’identique sur un humain par les deux jeunes meurtriers. Est-ce volontaire de la part de Vincent Le Port ? J’ai un peu cherché dans les différentes interviews qu’il a données et n’ai trouvé nulle part de référence au film d’Haneke. Mais la comparaison est assez cruelle pour le réalisateur français. Car la mise à mort du cochon est surcadrée dans Benny’s Vidéo. C’est en fait la vidéo filmée de la scène que Benny se passe et se repasse. C’est une nuance importante. Benny n’est pas tant fasciné par la violence que par l’image de la violence. A une époque (le film date de 1992) où la jeunesse est de plus en plus exposée à des écrans, Haneke interroge le pouvoir de l’image – et la responsabilité des adultes, via les personnages des parents, vis-à-vis de cette surexposition. Côté Bruno Reidal, le cinéaste semble ne jamais sortir de l’attrait qu’exerce sur lui le meurtrier, sorte de personnage-type de ces séries ou émissions très en vogue sur les tueurs en série. Un « spectacle du crime » dans lequel Le Port s’inscrit seulement en tant que contributeur fasciné – en attestent ces scènes de violence gratuite où l’on n’hésite pas à filmer en gros plan une scène de décapitation d’enfant tandis qu’on masque la saignée d’un cochon. Sans autre perspective que le récit du criminel lui-même (non dénué de qualités littéraires et qui constitue, à mon avis, le principal intérêt du film), on reste dans l’illustration, dans la recherche (vaine) des raisons qui l’ont poussé à passer à l’acte avec, au centre, cette dualité sexe/violence qui n’apporte pas grand-chose en 2021. Jamais le cinéaste ne sort du seul récit introspectif alors qu’il y avait, peut-être, à l’intérieur des mémoires véritables de l’assassin, des potentialités, des ressorts narratifs intéressants à exploiter, telle que la cohabitation entre doctrine religieuse, onanisme, pensées suicidaires ou meurtrières, laissée à l’arrière-plan.
Au début du XXème siècle, un séminariste de 17ans est arrêté pour le meurtre d’un enfant de 12ans. Pour tenter de comprendre son geste, des médecins lui demande de relater sa vie depuis son enfance jusqu’au jour fatidique…
Pour son premier long-métrage, le réalisateur Vincent Le Port adapte l’histoire vrai de Bruno Reidal, ce jeune paysan du Cantal qui, durant toute son adolescence, n’aura cesser de lutter contre ses pulsions, jusqu’à ce qu’il craque en septembre 1905, en assassinant et décapitant un jeune garçon.
En choisissant d’adopter le point de vue du meurtrier, le réalisateur nous invite dans la psyché du jeune adolescent tiraillé entre ses pulsions sexuelles et meurtrières. Tout au long du film, on est accompagné par sa voix-off (un texte qu’à rédigé Bruno Reidal lors de son arrestation), nous permettant de nous immerger pleinement au cœur de sa vie et de son histoire.
L’interprétation de Reidal à différents âges de sa vie y est troublante, on retiendra particulièrement la performance de Dimitri Doré (sa voix aigüe, chétif & impassible), il porte littéralement le film sur ses (frêles) épaules et lui donne toute sa grandeur.
Bruno Reidal - Confession d’un meurtrier (2021) est une saisissante et glaçante immersion dans l’horreur, le récit original (adapté du témoignage de Reidal) fait froid dans le dos et nous dépeint de façon très réaliste, la France paysanne du siècle dernier.
Disons-le d’emblée : ce premier film de Vincent Le Port est vraiment singulier, particulier et difficile d’accès. On est dans du cinéma d’auteur pur et dur (sans pour autant que cela soit péjoratif), un cinéma pas facile d’accès et très exigeant de la part du spectateur. En gros, on n’est pas ici pour se divertir mais davantage pour réfléchir et découvrir une œuvre qui demande patience et abnégation de la part de son public. « Bruno Reidal, confessions d’un meurtrier » est basé sur un fait divers effroyable du début du XXème siècle qui voit un jeune paysan tuer et décapiter un adolescent dans un petit village du Cantal. Le film est basé sur ses mémoires écrites commandées par un collège de médecins de l’époque pour comprendre son crime. L’ossature narrative du long-métrage est donc astucieuse. On commence par le crime et l’incarcération du personnage titre pour ensuite revenir sur sa vie et les raisons de son acte par le biais du récit écrit qu’il en fait et des flashbacks qui en découlent. La voix off a donc ici une grande importance et condamnerait presque le film à être muet sans elle. Davantage donc que Dimitri Perron, dans une composition impressionnante pour son âge et ses débuts, c’est donc sa voix qui sera le personnage principal et qui va nous guider dans la psyché du jeune homme. Une psyché visiblement vouée à la violence, le péché et la tragédie.
Le Port, en tant que cinéaste débutant, fait le choix courageux d’une imagerie pastorale et bucolique très réussie et réaliste mais aussi d’une œuvre et d’une mise en scène clinique et presque ascétique. Comme si on avait décidé d’illustrer une autobiographie, ou plutôt des pensées personnelles, par des images aboutissant à un résultat âpre et froid. On se retrouve donc face à une œuvre que l’on pourrait qualifier de presque peu engageant sur la forme à force de monotonie et d’un ton tout aussi monocorde tout comme par son aspect dérangeant et presque malaisant sur le fond. « Bruno Reidal, confessions d’un meurtrier » est donc un long-métrage fort et ambitieux qui ne cède à aucune mode et va au bout de sa note d’intention. Si la reconstitution de l’époque, le jeu de l’acteur principal et la manière dont le film tente d’expliquer ce geste atroce sont louables et probantes, ce côté très pointu voire difficile à appréhender pour le spectateur pourra en rebuter beaucoup d’entre eux. C’est un peu longuet, répétitif et certaines scènes sont gênantes voire insoutenables. Comme pour beaucoup d’œuvres de cet acabit, en gros clivantes et qui en demandent beaucoup à leur public par leur étrangeté ou à cause de leurs thématiques interdites, on est en droit de trouver cela repoussant mais aussi passionnant. L’entre-deux est également une voie que l’on choisit ici...
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