On trouve les zombies dans des films qui visent délibérément à « épouvanter », même s’ils font souvent sourire. Bertrand Bonello cherche à explorer le sens véritable du zombie dans les croyances vaudou modernes. Le résultat est plutôt déprimant : un zombie est un malheureux qu’on empoisonne, par exemple en imprégnant l’intérieur de sa chaussure d’une poudre magique, pour le transformer, après sa mort, dûment provoquée pour accélérer la rentabilité de l’opération, en une sorte de fantôme ou mort-vivant capable de travailler et même corvéable à merci, par exemple dans les exploitations de sucre. En bref un zombie (il est plus chic, ou conforme à l’étymologie, de l’écrire sans e final), est donc une sorte d’esclave fantasmé recyclé par la modernité. Mais si cette mythologie moderne, à dire vrai peu attirante, donne quelques belles images, au début du film, sur le travail dans les champs de canne à sucre, l’intérêt du film est ailleurs. Dans la description d’une « sororité », ou groupe d’adolescentes, au sein d’un internat pétri de traditions, quoique partie intégrante de notre République : la Légion d’Honneur, sis dans la célèbre abbaye de Saint-Denis, école à la réputation élitiste s’il en est. Ces adolescentes se réunissent pour des réunions secrètes dans la salle d’art plastique, cherchant à s’initier à des mystères malheureusement inexistants, de sorte qu’elles en sont le plus souvent réduites, lorsqu’elles se trouvent ensemble, à tapoter leur portable ou à évoquer le dernier épisodes de leur histoire d’amour. Fanny, remarquablement jouée par Louise Labèque, est tombée amoureuse d’un beau jeune homme assez ridiculement filmé comme une sorte de Lancelot en promenade à demi-nu au milieu des taillis. Puis arrive l’irréparable, qui en effet mérite bien son nom, et enfonce le film, qui jusque-là se laissait regarder plutôt agréablement, dans un mélange de ridicule et de brutalité : exactement l’horreur.