J'adore Bonello, mais là je suis un peu dubitatif. Disons que le sujet me parle beaucoup, les histoires de zombis en Haïti, non seulement ça me rappelle le film de Tourneur, mais étant donné qu'il y a beaucoup d'haïtiens en Guyane, j'en entends aussi beaucoup parler.
Mais là, je ne suis pas certain que le mélange prenne totalement. D'un côté je trouve l'esthétique des scènes en Haïti, filmées avec une nuit américaine, assez laides visuellement. Alors que clairement d'habitude Bonello sait faire de belles images (et il y en a ailleurs dans le film). Ce qui rend ces scènes pas forcément très palpitantes à regarder, surtout qu'il ne se passe pas grand chose.
Et en face on a une partie à Paris de nos jours avec des gamines issues d'une jeunesse dorée. J'ai largement préféré cette partie, dans ce grand pensionnat où tout pue la bourgeoisie et où cette jeunesse tente de s'échapper comme elle le peut. J'ai donc découvert Damso avec ce film. J'aime beaucoup les scènes musicales car comme toujours Bonello sait les sublimer. Et donc voir ces filles chanter du Damso, bien que ça ne soit pas issu d'un genre musical que j'affectionne, ben ça a son petit effet.
De manière générale cette partie est assez inquiétante, entre la musique qui s’immisce dans les scènes de la vie quotidiennes, notamment une séquence filmée au ralenti où toutes les filles sont à la toilette et où les sèche-cheveux ressemblent à des serpents. L'ambiance est vraiment réussie. Il y a un côté malsain vraiment bien senti.
Et malheureusement à côté de ça on a des séquences beaucoup plus bordéliques, qui rendent vraiment moins bien, notamment sur la fin avec le rituel vaudou, où clairement ce n'est pas un problème de scénario, j'aime l'idée, mais juste ça semble manquer de moyens, ça fait un peu artificiel et un peu ridicule de voir cette femme se dandiner sur le sol, alors que nous, étrangers à cette culture, on ne comprend pas tout ce qui se trame.
Ce qui fait que je suis partagé, j'aurais aimé adorer, il y a des passages qui sont excellents et d'autres beaucoup moins. Comme si mélanger les temporalités, les tonalités n'arrivait pas à faire un tout cohérent une fois le montage terminé et j'en sors donc assez mitigé.
Après je dirais néanmoins que ça vaut le coup d’œil pour voir des gamines embourgeoisées à mort chanter des insanités la nuit en cercle... même si ce Zombi Child ne marquera la filmographie de Bonello.
En tous cas j'apprécie la démarche de vouloir revenir au Zombi originel, celui du vaudou, beaucoup plus mystérieux et inquiétant, entouré d'une certaine aura ésotérique que j'aime beaucoup, plutôt que de faire une nouvelle variation autour du Zombie façon Roméro.