Ma blonde et moi avons passé un bon moment et tu ressors avec la banane.
J'avais peur de ressortir triste
Film "les vétos", idées en vrac après avoir vu hier soir le film
Beaucoup de messages passent dans ce film (et j'en oublie certainement), en vrac :
1. le vétérinaire solo ou "petite mixte" à la campagne qui n'arrive pas à trouver un successeur (Michel Jonasz) ou un remplaçant pour l'été (Clovis Cornillac) soit pour l'aider, soit pour partir un peu en vacances.
2. la difficulté de laisser un jeune vétérinaire autonome en rural, ou en chirurgie canine
3. le décalage entre l'équipement que doit avoir tout véto pour un jeune remplaçant ("pas de rx numérique" , comme elle aurait pu dire "pas d'échographe")
4. la difficulté que nous avons à nous faire payer au juste prix ("pas de sou pas de soins" : qui le fait vraiment), on propose tous des règlements différés, voire des remises à certains, on oublie volontairement des lignes de factures pour ne pas l'alourdir... pour une fois que c'est dit!
4Bis. la rentabilité de l'activité vétérinaire (25% du CA en moyenne avec le banquier qui demande à Clovis Cornillac de "revoir son modèle économique", bref de se faire payer au juste prix ce qu'on ne sait pas toujours faire)
5. la critique sur les réseaux sociaux (une pétition dans le film) et l'effet délétère que ça peut avoir
5bis. le risque d'une plainte à l'ordre (brachycéphale anesthésié, éventuellement sans gazeuse, et alors que l'associé dit que c'est dangereux)
6. le burning out de certains vétos avec les gardes, les urgences, le manque de période de repos, de congés, etc (il se plante contre un arbre en voiture d'épuisement)
7. le taux de suicide de la profession (4 ou 5 fois supérieur à la moyenne nationale)
8. la féminisation de la profession car c'est moins bien payé "qu'avant"
9. le fait que les jeunes diplômés préfèrent travailler dans des structures "sur"équipées avec aménagement du temps de travail et carriérisme possible (bon là c'est pour travailler dans la recherche, mais ç'aurait pu être dans un hôpital véto dans une grande ville) au lieu d'un petit cabinet mixte dans le Morvan
10. J'ai pas trouvé le cabinet si "sous équipé" que ça (pas vu de gazeuse mais a priori au moins une radio automatique, trois ou quatre tables de consult, un négatoscope, un microscope, sans doute un détartreur, des ordinateurs dans toutes les pièces, des cages d'hospitalisation spacieuses et en inox, des locaux propres, une grande salle d'attente propre, ...) ; les scènes dans la clinique du film a sans doute été tourné chez un véto.
11. Une césarienne de chienne à domicile ? Si la chienne n'est pas transportable, à distance du cabinet... pourquoi pas? C'est sûr que l'aseptie sera moindre et qu'elle ne sera pas faite en gazeuse avec une ALD.
12. le fait que les enfants rêvent de devenir véto (la stagière Zelda que doit se coltiner Noémie Schmidt), qu'une ALD peut être un homme.
13. le fait qu'on aime les animaux au point d'être tous parfois bisounours (le renard du film, le vieux chien dépressif avec sa plaie de léchage, le rat sur l'épaule, ...), qu'on respecte le propriétaire, qu'on se met ou qu'on doit se mettre à sa place (même si parfois on est pas d'accord avec sa vision du monde et en particulier de son animal)
14. l'émotion que l'on ressent sincèrement quand on fait repartir un animal (le plus souvent en arrêt respiratoire certes plutôt que cardiaque), ou lors de notre première césarienne (ou vêlage pour les ruraux) ou quand on sauve la vie, en urgence la nuit, de Kiki ou Minou, parce que chez les vétos, la prise en charge des urgences est instantanée et sans attente.
15. le petit jeune (la petite jeune dans le film) qui tombe dans les paumes à la vue du sang : ça m'a rappelé qu'après deux jours de travail en continu et deux nuits de garde, lors d'une simple chir de tum mam avec la blonde de BL : elle me trouve un peu blanc, me demande si ça va, je lui réponds "oui" puis elle incise la chienne et ... je m'évanouie (la tumeur était énorme)
16. les jeunes qui cherchent du sens à leur vie et préfèrent vivre à la campagne : après tout pourquoi pas !
17 : une ASV jeune (à l'époque pas beaucoup d'homme) a un emploi garanti à vie dans une petite structure comme chez Nissan avant Carlos.
Et en plus, les acteurs principaux et les seconds rôles sont bons, les animaux bien dressés pour le film
Ce film véhicule des vétérinaires une image globalement très positive et je suis ressorti du ciné avec la banane ; ça me change aussi des blockbusters us que je me coltine depuis dix ans avec mes éternels ados ou des séries policières à la télé en live ou en replay que je me coltine tout seul le soir
Notre métier n’est pas un métier « comme les autres » aux yeux du grand public et j’espère, comme beaucoup de confrères, qu’il ne le redeviendra jamais
Incroyable tous les messages qu'envoie ce petit téléfilm de qualité, j'espère qu'il trouvera son public. J'ai mis une affiche dans la salle d'attente et une autre dans la salle de consult. Ce matin j'ai vu un petit bout de femme hyper stressée et en pleur pour de la bobologie de teckel, je lui ai conseillé d'aller voir ce film pour retrouver la banane.
Donc, avis google sur "les vétos" : 5 ETOILES pour bibi
j'ai beaucoup de cougards ou de jeunes surfeuses dans ma clientèle biarrote, donc la seule réserve que je pourrais émettre quand je leur conseille d'aller voir ce film, c'est qu'elles me disent toutes, mais à lors toute : "Clovis Cornillac joue dans ce film ! J'aime "Beau Coup" cette acteur !"
C'est un poil irritant !
amitiés à tous et bon ciné!
vétosurfman