Pou moi sans conteste l'aventure de l'agent 007 la plus réussie de toute la saga, celle qui parvient à donner un coup de vieux époustouflant à l'ère Connery-Moore et qui reste aujourd'hui plus passionnante que celles de l'ère Brosnan-Craig. C'est sans doute le film qui mêle avec le plus d'efficacité et de maîtrise tous les genres de films que l'on doit trouver dans un James Bond: espionnage, action, aventure, policier, comédie et romance. Tuer n'est pas jouer se révèle être un divertissement hors norme. La séquence d'ouverture, mémorable, annonce le ton de ce James Bond marqué par de très nombreueses scènes d'actions: cascades et fusillades jubilatoires, combats spectaculaires ou effets spéciaux virtuoses, réalisés par un John Glen qui n'aura jamais été aussi en forme pour tenir une caméra. On appréciera également un humour omniprésent, présent dans des répliques soignées ou des gags efficaces. Le rythme est effréné, soutenu par de nombreuses scènes d'actions et touches humoristiques, ainsi que par des rebondissemens incessants. Quant à la musique de John Barry, c'est tout simplement la plus mémorable de toute la saga à ce jour, entre des compositions épiques pour les séquences d'actions et des mélodies respirant le mystère ou la tension, qui dotent ce film d'espionnage d'une ambiance exceptionelle. Vous l'aurez compris: action, humour et musique exceptionelle font de ce James Bond un divertissement de luxe, la crème des crèmes du film d'espionnage à grand spectacle. Loin d'être une série B purement divertissante, Tuer n'est pas jouer se dote d'un scénario de grande qualité. Rebondissements et trahisons se succèdent avec une incroyable virtuosité, et un suspense insoutenable est créé par des personnages charismatiques, des intrigues complexes et des enjeux qui augmentent en intensité à mesure que les images défilent. Le personnage incarné par Timothy Dalton est tout simplement le James Bond le plus mémorable jusqu'à celui joué par Craig, jusqu'à faire apparaître celui joué par Sean Connery comme fade et désuet; le scénario a doté le personnage d'une personnalité plus complexe que d'habitude, et Timothy Dalton, avec son humour glacial et son charisme hors norme, en a fait le personnage le plus attachant et le plus humain de toute la saga, jusqu'à Craig. Les seconds rôles sont eux aussi difficilement ouliables: on a droit à des méchants tour à tour sinistres, machiavéliques ou amusants, et à une James Bond Girl touchante, et qui contraste avec le côté superficiel habituellement dévolu au personnage. Vous l'aurez compris: cette ambiance d'espionnage exceptionelle, associée à des personnages charismatiques, un scénario passionnant, une musique d'anthologie, un humour omniprésent et des scènes d'actions spectaculaiers font de ce film un divertissement jouissif aussi bien qu'un film à suspense hitchockien. Qu'est-ce qui m'empêche, dans ce cas, de crier au chef d'oeuvre et de déclarer que ce film a atteint la perfection? Certainement la façon dont le film se sert du contexte de la Guerre Froide (qui, au passage, permet à l'intrigue d'être dotée d'une ambiance aussi exceptionelle). Cette héroïsation des Moudjahidins, et cette dabolisation du KGB a certainement fait la joie des pro-Américains de l'époque, mais nous laisse, nous, spectateurs éclairés du XXIème siècle, plus dubitatifs. On pourra apprécier, d'un autre côté, que le film reste plutôt discret dans ses partis pris, et qu'il ne joue pas la carte de l'anticommunisme primaire. Un excellent film malgré cette réserve, certainement celui qui a réussi à allier avec le plus de brio film d'espionnage de qualité et divertissement haut de gamme, ce vers quoi 22 films d'une même franchise ont tendu, mais un objectif dont on peut dire que seul Tuer n'est pas jouer a vraiment atteint.