Après 12 ans de bons et loyaux services, Roger Moore quitta le rôle de James Bond sur un moyen Dangereusement Vôtre. Le rôle fut dévolu à Timothy Dalton, déjà pressenti 12 ans auparavant. Le premier film ? Tuer n’est pas Jouer.
Toujours réalisé par l’inénarrable John Glen, le quinzième James Bond démarre plutôt fort, avec une excellente scène d’ouverture, un générique surréaliste avec une chanson étrangement géniale, qui part dans tous les sens et une seconde ouverture plutôt efficace malgré la sale sensation que Jeroen Krabbé, grand acteur au demeurant, se retrouve à faire le méchant pitre. A partir de là, tout se délite, hormis les scènes dans le MI : 6, toujours aussi efficaces, grâce à Desmond Llewellyn, toujours aussi espiègle. L’intérêt de l’intrigue est annihilé par l’écriture lamentable des personnages. Aucun d’entre eux n’est intéressant, l’intrigue, qui devrait durer 1h20, mais qui se retrouve à être allongée pour durer les deux heures habituelles. Le dernier quart d’heure remonte le tout et témoigne de l’habileté de John Glen de tourner des scènes d’action dantesques.
Ceci nous donne donc un film mi-figue, mi-raisin, un mauvais James Bond mais un film regardable et parfois appréciable. On pourrait même le mettre dans la moyenne de Roger Moore par moments s’il n’y avait cet horrible casting de Timothy Dalton. L’acteur est capable, performant et admirable par moments, force est de le reconnaître. Mais jamais l’esprit de James Bond, cinématographiquement parlant, ne s’y retrouve. Il lui manque l’humour, le charisme et le charme ravageur, les one-liners impayables, la voix puissante, autoritaire, mais ironique et le second degré dévastateur. Peut-être est-ce à cause du manque de repères, d’où l’indulgence dans la notation finale, mais il n’empêche qu’il ne semble pas être l’homme de la situation.
Tuer n’est pas Jouer (titre lamentable, alors que le titre en VO est fabuleux) souffre clairement du manque de repères des scénaristes qui tentaient autre chose, plus réaliste. Mais il reste un film regardable et jamais détestable. Juste insignifiant.