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traversay1
3 538 abonnés
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2,5
Publiée le 30 novembre 2021
Pour l'heure, au cinéma, ce sont toujours des humains qui jouent les rôles d'androïdes, an attendant un jour l'inverse, peut-être. Le thème de l'intelligence artificielle est à la mode comme le montrent par exemple Ich bin dein Mensch et The Trouble with being born, le premier étant aussi léger et divertissant que le second sombre et ambigu. La réalisatrice de ce dernier, Sandra Wollner, est autrichienne et dans la lignée de Michael Haneke et Jessica Hausner, pour lesquels susciter le malaise est une manière d'éveiller les consciences. Avec son titre en hommage à Cioran, De l'inconvénient d'être né, le film de Sandra Wollner, divisé en deux segments qui se font écho, s'intéresse moins à la psychologie des androïdes, qui ne sont rien d'autre pour elle que des "créatures" programmées pour servir, qu'à celle torturée de leurs maîtres, soit en l'occurrence un homme aux penchants pervers puis une vieille femme meurtrie. Les deux personnages sont dans la recréation de leur passé et dans l'a tentative de sortie d'un deuil. Mais dans ce film que la réalisatrice définit comme un "anti-Pinocchio", rien n'est vraiment clair, certaines phrases revenant en boucle, dans une atmosphère brumeuse à couper au couteau. La cinéaste autrichienne a du talent, c'est évident, mais The Trouble with Being Born, à la fois équivoque et lancinant est fondamentalement déplaisant dans son thème et sa noirceur très artificiellement stylisée.
Un homme partage sa vie avec Elli, un androïde spécialement programmé pour lui dire les choses qu'il a envie d'entendre et avec qui il partage une relation spéciale... Une relation montrée de manière volontairement ambiguë, ce qui est assez perturbant. Qu'il s'agisse d'un androïde ou pas, j'ai trouvé certaines scènes assez gênantes, voire malsaines. L'histoire change de décor par la suite, mais ne devient pas plus intéressante pour autant. C'est un peu toujours la même chose avec cette projection des gens sur l'androïde qui devient un substitut en fonction de leur sentiment. Il est notamment question de solitude, de culpabilité et de deuil. Malgré les thèmes abordés, ce n'est pas un film très pertinent, je l'ai plutôt trouvé ennuyeux.
Peut-on avoir une relation inappropriée avec un androïde "mineur" ? Il n'existe actuellement aucune limite légale ou éthique régissant les relations entre un être humain et une machine. Si nous insistons pour considérer Elli comme un être humain, ou même comme une actrice de 10 ans, les choses deviennent plus embarrassantes. Il est inévitable que les éléments les plus dérangeants de l'histoire finissent par masquer certaines des idées les plus subtiles de Wollner et il sera difficile d'amener le spectateur à réfléchir subtilement à propos d'un film que beaucoup réduiront à un "film sur les enfants-robots sexuels". Néanmoins, l'intelligence de Wollner et son art maîtrisé de la mise en scène plairont à ceux qui se posent la question de savoir si l'intelligence artificielle doit être considérée comme équivalente à l'intelligence humaine, au delà des apparences. A supposer que oui, ce film devient alors totalement immoral. A supposer que non la question n'est pas résolue pour autant.