En 2016, le réalisateur irlandais Paddy Breathnach s’était fait remarquer avec un film tourné à Cuba, "Viva". Cette fois ci, c’est vers l’Irlande qu’il dirige sa caméra, et, plus particulièrement, vers sa capitale, Dublin, une ville qui, ici, n’a rien à voir avec le Dublin des touristes. Quant à l’écriture du scénario de Rosie Davis, on y retrouve une vieille connaissance, Roddy Doyle, auteur de la « Trilogie de Barrytown », "The Commitments", "The Snappe"r et "The Van", 3 romans devenus 3 films réalisés par Alan Parker pour le premier et par Stephen Frears pour les deux autres, avec des scénarios écrits par l’auteur lui-même.
Vu par les économistes orthodoxes, l’Irlande peut être considéré comme un pays modèle, avec un taux de croissance impressionnant et un PIB par habitant très élevé. Cela signifie-t-il que la vie est facile pour tous ses habitants ? Bien sûr que non ! Ne serait ce que pour une raison très simple : ce boom économique va de pair avec une pénurie de logements, tout particulièrement à Dublin et, lorsqu’une famille avec 4 enfants, ne disposant que de revenus très faibles, se retrouve à la rue suite à la vente par son propriétaire de la maison qu’ils louaient depuis sept ans, la situation est loin d’être rose.
Rosie Davis est une « mère courage » exceptionnelle. Depuis qu’elle et sa famille n’ont plus de domicile fixe, elle passe ses journées, après avoir conduit à l’école ses 3 enfants les plus âgés, à rechercher un toit pour les nuits suivantes. Au minimum, pour LA nuit suivante. Avec patience, elle appelle les numéros de téléphone qui lui ont été communiqués par la mairie, s’enquérant de la disponibilité d’une « family room », une chambre familiale. Si rien n’est trouvé avant le soir, probabilité qui augmente si jamais Lady Gaga se produit ce jour là à Dublin, ce sera une nuit dans la voiture. Une voiture où s’entasse l’indispensable, quelques vêtements de rechange, des affaires de toilette et Peachy, la peluche de Madison, 4 ans, la plus jeune de la famille, le reste de leurs affaires ayant été accueilli par des membres de leur famille et des amis.Un film peut très bien avoir un caractère social assumé sans pour autant se vautrer dans le misérabilisme ; il peut montrer des situations très dures sans pour autant se refuser à faire preuve de beaucoup de chaleur humaine et de tendresse. Ken Loach et les frères Dardenne nous ont habitués à de tels films. Bien aidés par la prestation de la comédienne Sarah Greene, c’est dans cette famille cinématographique que se situent Paddy Breathnach, Roddy Doyle et leur film, "Rosie Davis".