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🎬 RENGER 📼
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3,0
Publiée le 30 octobre 2021
Ce film a pu bénéficier d’une exploitation en salles en surfant sur l’actualité puisqu’au même moment, l’œuvre posthume de Christo voyait le jour, à savoir l’empaquetage de l’Arc de Triomphe à Paris (du 18 septembre au 03 octobre 2021).
Le documentaire d'Andrey Paounov revient sur sa précédente création, l’œuvre gigantesque que l’artiste avait mis au point en 2016, lorsqu’il décida de s’attaquer au lac d’Iseo en Italie avec "The Floating Piers", une œuvre d’art contemporaine éphémère constituée de plateformes flottantes (220 000 cubes solidement fixées par 195 ancrages en béton), le tout, couverte d’un tissu orange d’une surface de 100 000 m². Un projet qui a bien failli ne jamais voir le jour, conçu dans les années 70, l’œuvre devait initialement être installée en Amérique Latine, puis à Tokyo, mais après d’innombrables refus, c’est finalement en Italie que l’œuvre prendra toute son ampleur, entre le lac de Côme et le lac de Garde.
Christo – Marcher sur l'eau (2018) nous offre un regard inédit & bienveillant sur le processus de création de l’artiste. Aux côtés de Christo et de Vladimir Yavachev (son neveu), on découvre mois après mois les différentes étapes de la création jusqu’à son aboutissement. Les périodes de doute, de remises en question, d’incertitude, de désolation ou de colère, rien ne nous est épargné. Des tractations politiques en passant par les aléas météorologiques virant à la catastrophe à seulement 24h de l’inauguration, on ressent la pression et la tension qui se joue au fil des jours et Christo qui semble parfois perdre pied face à des éléments qu’il ne peut contrôler.
Non seulement le processus de création était captivant, mais même au-delà de l’inauguration, on ne s’attendait pas à y voir autant de choses (les italiens qui ne se soucient pas des règles de sécurité, avec une moyenne de 72 000 visiteurs journalier alors que les autorités avaient annoncé un maximum de 40 000). Entre la forte affluence ingérable, le préfet et le maire qui ne répondent pas à leurs obligations et les conditions météorologiques parfois capricieuses, cette création n’aura absolument pas été de tout repos pour l’artiste de 81ans.
C’est passionnant, voir même palpitant par moment, le tout, magnifié par les plans aériens en hélicoptère survolant le lac d’Iseo qui laissent apparaître petit à petit l’œuvre de Christo se passe de commentaire.
Intéressant documentaire sur un des projets de Christo celui des pontons sur un lac italien. On suit le projet de A à Z avec des aspects comme les discussions avec les 50 instances concernées, les problèmes de sécurité, le stress, les mondanités. On y découvre Christo comme un monsieur très exigeant, éventuellement colérique mais aussi charmeur avec les dames. Et bien sûr sa créativité et sa capacité d’émerveillement. On voit aussi le duo qu’il forme avec son neveu Vladimir qui est à la fois sa nounou, son garde du corps et le manager des projets.
En 2016, Christo a mené à bien sur le lac d'Iseo en Italie un projet qu'il avait conçu de longue date avec son épouse Jeanne-Claude et qu'il avait d'abord pensé réaliser sur le Rio de la Plata puis dans la baie de Tokyo : construire des passerelles flottantes qui donneraient aux visiteurs qui les emprunteraient l'impression de marcher sur l'eau. L'oeuvre d'art éphémère est constituée de 220 000 blocs de polyéthylène vissés entre eux et amarrés au fond du lac par 190 ancres, recouverts de 100 000 m² de tissu safran. Elle fut déployée pendant près de deux mois et attira une foule considérable de visiteurs.
L'emballage de l'Arc de Triomphe, l'engouement et les polémiques étonnantes qu'il a suscitées ne sont pas étrangers à la sortie en salles de ce documentaire inédit qui revient sur l'avant-dernier projet de Christo, décédé entretemps en mai 2020. Il est l'occasion de découvrir ce vieux monsieur débonnaire, débordant d'énergie et de créativité dans son atelier. L'autre héros du film est Vladimir, son neveu, qui lui sert tout à la fois d'assistant, de garde du corps et de souffre-douleur.
On suit ce duo attachant tout au long de la conception et de l'installation du projet "Floating Piers". Comme chacune des oeuvres de Christo, c'est une installation monumentale, aussi inutile que majestueuse. Les prises de vue de ces immenses lignes brisées posées sur l'eau suffiraient à elles seules à justifier l'intérêt de ce documentaire.
Mais "Christo : Marcher sur l'eau" nous raconte en bonus une histoire : celle de l'installation de ces pontons. Et le documentaire réussit à y instiller un suspens (même si on en connaît par avance l'issue) : l'oeuvre sera-t-elle installée à temps ? Christo et Vladimir obtiendront-ils toutes les autorisations administratives ? déjoueront-ils les pièges de la météo ? réussiront-ils à faire face à l'afflux de visiteurs qui met la sécurité du site en péril ?
Ce documentaire n'a aucune qualité cinématographique et n'avait pas la prétention d'en avoir. Sa sortie en salles le 15 septembre - dans un circuit très restreint d'ailleurs - n'avait guère de raison d'être sinon, on l'a dit, la concomitance avec l'emballage de l'Arc de triomphe. Mais si d'aventure vous avez l'occasion de le regarder, ne le ratez pas !