"À couteaux tirés" se révèle être une pièce maîtresse du cinéma policier contemporain, faisant honneur à son illustre prédécesseur, le whodunit classique. Rian Johnson orchestre une symphonie d'ingéniosité narrative et de rebondissements inattendus, jouant avec les conventions du genre pour surprendre et captiver. Son script, à la fois respectueux de la tradition et audacieusement novateur, tisse une intrigue dense, où chaque fil se démêle avec une précision horlogère.
Le casting, brillamment dirigé par Johnson, apporte une profondeur incontestable à ce tableau mouvant. Daniel Craig, avec son accent sudiste et son flegme britannique, donne vie à Benoit Blanc, un détective privé qui renouvelle le genre du détective omniscient. Ana de Armas, en infirmière dévouée et au cœur pur, offre une performance nuancée qui établit son personnage comme l'épine dorsale émotionnelle du récit.
Visuellement, le film est un régal, exploitant pleinement le manoir des Thrombey comme un personnage à part entière, avec ses recoins secrets et son ambiance gothique. La photographie de Steve Yedlin capture avec brio l'essence du mystère, tandis que la bande originale de Nathan Johnson enveloppe chaque scène d'une aura de suspense.
Toutefois, "À couteaux tirés" n'est pas sans faiblesses. Par moments, le film semble trop conscient de son ingéniosité, frôlant l'auto-indulgence. Certains développements de l'intrigue peuvent paraître forcés, et quelques performances, bien que globalement solides, flirtent parfois avec la caricature.
Malgré ces réserves, "À couteaux tirés" reste un divertissement captivant et un hommage intelligent au genre policier. Il ne révolutionne peut-être pas le cinéma, mais il enrichit son genre avec brio, offrant une expérience à la fois confortablement familière et étonnamment fraîche. Rian Johnson prouve une fois de plus sa maîtrise narrative et sa capacité à défier les attentes, solidifiant son statut de conteur innovant dans l'industrie cinématographique.