Le film rentre rapidement dans le vif du sujet : le meurtre et les interrogatoires. Le montage -qui sert aussi d’introduction pour présenter chaque personnage- est bien ficelé mais la scène en devient presque trop longue. Cela peut d’ailleurs s’avérer réducteur pour les amoureux d’action.
On s’aperçoit très vite que la figure principale n’est pas le détective Benoit Blanc (Daniel Craig en détective arrogant et pragmatique mais qui ne transcende pas son personnage) mais Marta Cabrera (Ana de Armas, très bien dans son rôle et qui vole la vedette à Craig). Le réalisateur Rian Johnson prend d’ailleurs partie pour elle en racontant de son point de vue.
Ce qui se présente comme une affaire à résoudre en mode Cluedo s’avère être une vive critique de la société et de certains sujets (immigration, répartition des richesses) avec une scène finale criante.
"De bons personnages qui font aussi défauts"
Finalement, le personnage de Daniel Craig reste un peu en retrait. Alors qu’il était présenté comme LE détective que tout le monde s’arrache et mystérieux (de part son retrait physique lors des interrogatoires, en arrière-plan, de son cynisme ou de sa propre mise en scène avec les notes aiguës jouées au piano), on a une certaine impression, au-fur-et-à mesure que le film avance, qu’il ne pourrait être qu’un idiot. Loin de sa brève présentation qui laissait présager un Hercule Poirot 2.0, on se demande s’il est vraiment malin (lorsqu’il invite Marta à l’aider dans son enquête sans remarquer qu’il se fait balader) ou si cela ne fait pas partie d’un plan de génie.
Malgré quelques facilités, Johnson arrive tout de même à nous mener sur des pistes différentes (est-ce elle ou pas ?) et à nous présenter de bons personnages servis par un super casting. Mention spéciale à Don Johnson qu’on ne voit pas souvent au cinéma.
En réunissant un tel casting, la difficulté reposait d’ailleurs sur la cohérence des personnages. Le jeune Jaeden Martell, trop peu exploité et dont le rôle trop discret ne sert qu’à la toute fin. Michael Shannon, Jamie Lee Curtis, Toni Colette et Lakeith Stanfield (trop discret dans le film, dommage, mais très bon) et donc Don Johnson tirent leur épingle du jeu. Chris Evans a enfin l’occasion de montrer d’autres facettes de son jeu d’acteur que son personnage de super-héros. Je l’ai trouvé vraiment bien dans son rôle de gosse de riche arrogant.
Malgré un scénario et une histoire purement authentiques (rien n’est tiré d’un roman), je trouve néanmoins que Johnson a choisi la facilité. Dans son dénouement et dans le choix de certains personnages (souvent caricaturaux), obligatoires pour dresser un portrait critique de notre société.
SPOILER
Choisir Chris Evans en coupable de l’histoire est d’une facilité. Son personnage est quasiment absent de tout le film et n'apparaît qu’au dernier acte. Pourquoi un tel retour, à par pour faire une révélation importante ? De plus, un fort risque de spoiler se présente alors pour les spectateurs. Étant probablement l’acteur du casting le plus connu des jeunes, vendre la mèche en devient très simple
.
Le mobile du crime est bien évidemment simpliste mais la résolution révèle une scène assez drôle.
Bien mis en scène, le film présente de bonnes qualités de par son casting, ses personnages ou son production design. Quelque peu redondant par moments, un peu trop bavard aussi et une issue assez simple, il est toutefois bon de souligner la créativité de Johnson et l’authenticité du scénario, trop rares dans le cinéma franchisé d’aujourd’hui.