Dans la lignée des téléfilms sociétaux pas mal produits par France Télé ces derniers temps, « Mauvaise Mère » est plutôt un bon cru. Assez original de s'intéresser à une famille dont la fille (Jessyrielle Massengo, correcte) finit par se révolter contre sa mère adoptive, la considérant illégitime, notamment de par sa couleur de peau. À ce titre, on apprécie de ne pas voir un récit trop édulcoré, proposant quelques scènes dures sans tomber dans le pathos ou le mélodrame pur, l'impuissance des parents étant bien décrite, tout comme les sautes d'humeur très violentes de Mina, amenant une forme d'instabilité intelligemment rendue, y compris, du moins au départ, dans la relation avec sa sœur (Sophie Breyer, plutôt prometteuse). Dommage que certaines situations paraissent quand même un peu forcées, pas toujours crédibles, notamment dans la réaction des uns et des autres, même s'il est judicieux de montrer un père
faible finissant clairement par prendre le parti de sa fille contre sa femme
, amenant le récit vers une crise familiale pleinement assumée. De plus, comme souvent, la forme reste assez fonctionnelle et que Barbara Schulz, qu'on a connu très convaincante, apparaisse ici en dessous de Thierry Godard, plus subtil, complexe. Certaines sous-intrigues sont également trop peu exploitées
(principalement le talent de Mina pour le chant)
, et après avoir vécu un véritable parcours du combattant pendant plus d'une heure, un (long) passage dans un centre spécialisé et voilà que
tout est arrangé dans le meilleur des mondes
: sans doute aurait-il fallu développer ne serait-ce qu'un peu cette partie : je veux bien que ce genre de lieux soit
très efficace
, mais à ce point... Bref, du bon et du moins bon dans ce téléfilm nous laissant légèrement sur notre faim au vu du sujet et des promesses initiales, mais que l'habile absence de manichéisme rend néanmoins fréquentable.