Je n’attendais pas grand-chose de la comédie britannique de Chris Foggin, tirée d’une histoire vraie (« Based on a true story », la réalité dépasse la fiction, etc…) mais j’ai quand même été un peu déçue. En fait, « Fisherman’s Friends » roule pépère sur les rails que « The Full Monty » a posées il y a plus de 20 ans. Ici, pas d’ouvriers au chômage qui font du strip tease mais des pêcheurs de Cornouailles très modestes qui poussent la chansonnette a capella, en choisissant de chanter exclusivement des chansons de marins bien traditionnelles car, vous savez, bien, l’authenticité, la tradition (et accessoirement la famille, l’amitié) y’a que ça de vrai ! Bien peu avare en clichés, le film déroule les dichotomies habituelles : Capitale vs Province, cynisme vs authenticité, modernité vs tradition. Finalement, même si ça roule sur les rails de « The Full Monty », c’est quand même moins subversif et acide. Ici, nulle critique sociétale au passage, on y parle un petit peu argent mais on n’est pas chez Ken Loach ! Point de vue réalisation, pas grand-chose à redire, c’est proprement mis en scène. C’est surtout l’occasion de joliment filmer la Cornouaille, cette région sauvage et un peu enclavée assez mal (ou peu) exploitée par le cinéma et encore plutôt préservée du tourisme de masse. Le film est honnêtement rythmé, sans trop de temps morts, même si on trouve malgré tout le temps assez long au bout d’un moment. Mais c’est davantage la faute à un scénario sans surprise qu’à cause d’une réalisation qui ne sait pas où elle va. La bande son est quasi exclusivement constituée, et c’est bien normal, des chansons de marins des vrais « Fisherman’s Friends ». Je ne sais pas si ça va faire la même chose à tous les spectateurs, je ne l’espère pas du moins, mais moi au bout de 10 minutes ça avait déjà commencé à me saouler ! Et comme ça chante beaucoup, et souvent, ça ne m’a pas aidé à apprécier le long-métrage, que pour le coup j’ai vraiment trouvé long. Côté casting il n’y a pas grand-chose à redire non plus, de Daniel Mays à James Purefoy, de Tuppence Middelton à Noel Clarke, chacun joue la partition qu’on lui a donnée à jouer. A toi le rôle du cynique plein de morgue, à toi le rôle de la mère courage célibataire, à toi le rôle du marin faussement bourru et ainsi de suite. Faute d’être réellement bien écrits, les rôles sont au moins interprétés par des comédiens qui semblent y croire et qui font leur maximum, ce n’est déjà pas si mal. Le problème, mais je crois que vous l’avez compris, c’est un scénario sans imagination et sans surprise, qui finit par donner naissance à une comédie stéréotypée comme le cinéma américain en produit des milliers et comme le cinéma français en produit des centaines. On peut tout deviner quasiment à l’avance : l
e malentendu du début, les rebondissements, le mini-drame de la fin, la petite réconciliation finale qui va bien, la petite bluette amoureuse qui vient saupoudrer de romantisme le tout
et bien entendu, comme je le disais plus haut, le message de fond du « Retour à la Terre et aux vrais valeurs (enfin, ici c’est plutôt le retour à la mer !) dans ce monde moderne qui devient fou ». C’est peut dire qu’on est dans un sujet éculé, usé jusqu’à la corde, hyper rebattu et qui, osons le dire, ne donne quasiment jamais des grands films. A vrai dire, je ne sais pas trop à qui ce film est censé s’adresser, aux nostalgiques du « c’était mieux avant », aux habitants des régions rurales oubliés de Grande-Bretagne, aux fans de TV crochet ? En tous cas, je ne suis pas certaine qu’il s’adresse réellement à ceux qui aiment le cinéma au-delà du film du dimanche soir ! Mais bon, pour terminer sur une note plus positive, on pourra résumer « The Fisherman’s Friends » à une comédie gentiment drôle (encore que j’ai perdu de vue ici le célèbre sens de l’humour « so british » que j’affectionne pourtant), pleine d’iode et de chants marins, qui s’offre aussi le luxe de quelques scènes d’émotions. Le tout donne un long-métrage sans prétention aucune, agréable à suivre, totalement inoffensif et malheureusement, très vite oublié.