Un documentaire absolument nécessaire, de par sa frontalité et son apparente simplicité. Un film qui, au lieu d’installer confortablement son spectateur, l’invite à être cette caméra, objet du dialogue.
Autour d’une réflexion sur ce que sont et ce que peuvent symboliser les murs d’une prison : un outil de surveillance, d’assistance, de punition, mais non pas de pardon, de rédemption, de réinsertion et de responsabilisation.
Au travers du prisme de cette architecture carcérale, de l’œil du réalisateur, et des cheminements de chacun des protagonistes nous sommes amenés davantage à nous questionner sur la pire des horreurs de toute civilisation : l’inceste. Et avant, après ? Que peut-il donc bien avoir autour de ce que socialement nous reconnaissons comme étant l'immondice et la monstruosité par excellence ? Que signifie la prison, et que peut bien être la purgation d’une peine, si ce n’est payer sa dette auprès de la société, des victimes et de soi ?
Au fil des échanges, car ce est film est une œuvre de la parole, il semble être dit que la réelle peine, la vraie condamnation ne se trouve plus en ce que la justice impose, mais en ce que, un peu plus libre de leurs mouvements, les détenus, qui sont face mer, se pensent, se réalisent, s’interdisent et se reconnaissent comme étant dangereux.
Un film polémique et perturbant, qui questionne la perversité, le pardon, la souffrance et l’ambivalence du statut de coupable.