Après ses victoires au César, notamment pour le prix du scénario original, j’ai voulu voir ce film et j’ai été extrêmement déçu.
Alors voici d’un côté une femme (Fanny Ardant) qui, après des années de mariage avec un mari à moitié dépressif qu’elle ne supporte plus (Daniel Auteuil), décide de le mettre à la porte de chez elle. Et là (attention vous ne devinerez jamais la suite !), 24h après, la vie commence à lui paraitre fade, l’amant qu’elle avait et qu’elle semblait tant aimé l’agace à son tour (rendez-vous compte, il ronfle ! et alors qu’elle avait pris l’habitude de siffloter pour stopper les ronflements de son ancien mai, là ça ne marche plus, c’est horrible !) et les repas chez ses amis l’ennuient désormais et elle se dit que ç’aurait quand même été plus drôle si son mari avait été là. Vous avez vu exactement les mêmes scènes dans 343 films déjà ? Eh bien voici le césar du meilleur scénario original de l’année 2020 ! Et le mari qui semblait ne plus vouloir faire d’efforts pour rendre sa femme heureuse, réalise tout d’un coup qu’il l’aime plus que tout et rêve de revivre leur première rencontre ! Ça tombe bien, une boite d’événementiel propose de vous faire revivre le temps de quelques soirées l’époque que vous souhaitez, et pour lui ce sera donc l’année où il a rencontré sa femme, dans le bar où ils se sont rencontrés. Tout est faux, mais la magie prend et voilà le mari déprimé qui retrouve le bonheur en parlant à une actrice supposée jouée sa femme le jour où il l’a rencontré ! Vous frissonnez d’émotion ? Mais vous n’avez encore rien vu car le brillant patron de cette boite d’événementiel (Guillaume Canet), dont la petite amie joue le rôle de la fausse ex-femme, devient jaloux de leur relation et réalise alors l'incroyable talent d’actrice qu'elle a, lui qui l’avait toujours bridée, et sa grande beauté. Et dans une scène que seuls les grands noms du cinéma peuvent nous offrir, il a soudain une révélation et, balançant tous les objets autour de lui, s’énerve en hurlant que toute sa vie n’est que du faux-semblant ! Et que dire des larmes de Doria Tillier (la femme en question) qui, en déclamant une tirade supposée chargée d’émotion pendant qu’elle joue l’actrice, finit par pleurer pour de vrai en faisant le parallèle avec sa propre vie.
Nicolas Bedos qui jouit d’une image impertinente aurait pu en jouer pour nous sortir de sentiers battus et rebattus, mais tout est convenu, gros, prévisible, vu et revu, et dès lors aucune émotion ne peut être transmise, quelle que soit la qualité des acteurs. Ah si l’impertinence il y a quand même un peu, car vous vous rappelez la scène où la femme s’ennuie en compagnie de ses amis parce que son mari n’est plus là (dans ce film bien sûr, pas dans les 342 autres), eh bien dans la discussion ennuyeuse le mot rectum est prononcé (oh la boutade délicieuse !). Et un peu plus loin, un acteur avec un bébé dans les bras cherche à s’en débarrasser (alors qu’un bébé c’est normalement si mignon que tout le monde le veut dans ses bras, quelle impertinence !).
Presque chaque scène de ce film donne des frissons, pas ceux que vous procure une émotion forte non, mais ceux qu’on ressent devant une œuvre tellement médiocre qu’on en ait gêné pour son auteur. Un tel scénario dans une école de cinéma susciterait la moquerie devant tant de convenances, mais apparemment si vous avez un bon réseau et un bon casting c’est le césar du meilleur scénario original qui vous attends ! L’humanité est pourtant peuplée d’innombrables personnes talentueuses dont les scénarios ne seront jamais produits, c’est bien dommage.