Bon, contrairement à l’écrasante majorité de mauvaises notes qui ont été attribuées à ce film, j’ai trouvé le second long-métrage de Babak Anvari plutôt réussi.
Premièrement, le film présente un rythme soutenu allant crescendo tout le long des 1h30 de visionnement. Je n’ai pas eu la sensation de m’ennuyer, ne relâchant pas une seconde mon attention pour percevoir les "glitches" qui se glissaient sournoisement dans certaines scènes en parasitant (à l’image des cafards omniprésents dans l’entièreté du film) le cerveau du protagoniste. Je trouvais justement intéressant d’avoir cette tension permanente, car tout se passe en très peu de temps, le cadre temporel s’étirant au maximum sur quelques semaines. Une petite dose de body horror (peu commun sur la plateforme Netflix) était également la bienvenue,
notamment la scène où Will observe le trou sous son aisselle dans lequel semble bouger quelque chose, provoquant pas mal de frissons de dégoût (pour mon plus grand plaisir).
Quelque chose est en train de pourrir dans ce film, j’ai eu l’impression que le celui-ci (le film) se décomposait petit à petit, arborant une ambiance sale et maladive, à l’image de ses blessures/wounds, ouvertes et béantes qui mettent mal à l’aise et dégoûtent. Ainsi, dans la forme, entre les apparitions quelque peu psychédéliques et délirantes de « visions » terrifiantes, ainsi que la gestion de l’espace, le film se déroulant dans une triade infernale : le bar, la maison ainsi que la chambre de l’ami de Will au-dessus du bar (et quelques autres endroits, mais vraiment marginaux), je trouve qu´Anvari remplit la charte pour une bonne séance.
Au-delà de l’aspect visuel, le fond, assez peu novateur tout comme la forme, se révèle être tout de même assez efficace. Ce n’est pas tant l’aspect démoniaque qui réussit ici, mais plutôt l’aspect psychologique. Un Will qui n’a d’autre objectif dans sa vie que de boire et entraîner les autres avec lui, perdu psychologiquement, et qui se retrouve à devoir faire face à quelque chose qui le dépasse (et de loin). J’ai trouvé intéressant qu’il ne soit pas seul dans son histoire, confronté à une opposition rationnelle extérieure. Non, ici, les autres se font également aspirer avec lui,
comme sa femme Carrie complètement embarquée dans cette histoire satanique et qui se retrouve à fixer des tunnels à 3h du mat en se pissant dessus x)
. Ainsi, les personnages qui nous sont présentés dans le film ont tous un rôle que je trouve intéressant, personne n’est laissé complètement en arrière-plan, et le destin fatal plane au-dessus de tous.
Wounds est donc un film que j’ai beaucoup apprécié, sans m’ennuyer, contrairement à beaucoup d’autres personnes. Il n’est certes pas exempt de défauts : les arcs narratifs assez décousus entre les personnages, chacun semblant vivre son propre cauchemar sans presque jamais s’entrecroiser, le scénario qui piétine à certains moments, beaucoup d’éléments qui méritaient selon moi des explications (
les images sur le téléphone, cette supposée secte...
) et la fin ouverte, qui n’est pas forcément un défaut en soit. Ce final n’est pas extrêmement compliquée à comprendre,
le « démon » possède finalement Will (qui est désigné comme réceptacle >>> l’élu) à travers la blessure de son ami qui a servit de portail vers un monde où évolue des « êtres supérieurs ».
Je ne comprends toujours pas l’incompréhension des gens par rapport aux fins ouvertes ; le but est justement de stimuler l’imagination, la réflexion (dans certains films) et forcément de la frustration (y a juste à voir la fin d’Inception :p).
Je donne donc un 3.5/5 à Wounds, qui sans être un grand film, a su provoquer en moi quelques frissons et un intérêt certain à l’histoire.