Tenter d'évaluer les qualités intrinsèques de Sound Of Freedom est bien plus pertinent que de tenter de comprendre les tenants et les aboutissants de l'énorme polémique autour du film. D'abord le scénario. Il est basé sur l'histoire vraie d'un agent qui parvient à neutraliser un réseau pédophile, et à sauver une centaine d'enfants. Il est difficile d'attaquer le film sous l'angle d'un quelconque manque de vraisemblance, puisque les faits sont avérés. Pour ce qui est de la mise en scène, Alejandro Monteverde choisit de mettre en valeur les émotions des personnages avec beaucoup d'emphase. Mais n'en déplaise aux détracteurs du film, l'alchimie réussit parfaitement. Car les acteurs dégagent une énorme intensité. Cazaviel, d'abord, qui montre la grande variété de la palette d'émotions qu'il peut dégager. Éploré, démoralisé, haineux, déterminé, menaçant, l'acteur est crédible dans tous les registres. Mais ceux qui sont vraiment bluffant sont le couple d'enfants, absolument brillants. Ce qui renforce aussi l'émotion, c'est la sobriété visuelle dans le rendu de l'horreur. Jamais aucun abus sexuel n'est montré, mais la larme de l'agent spécial lorsqu'il doit visualiser les vidéos saisies, les réflexions désabusées du partenaire de l'agent, les commentaires de la médecin, tout cela bouleverse bien plus que des images crues. Les dialogues, certes, ont l'air grandiloquents, mais les circonstances, très pénibles, dans lesquelles ils sont prononcés, les rendent parfaitement crédibles. La grammaire de l'image déployée par le réalisateur mexicain est extrêmement élaborée, comme le prouve l'impressionnant travelling de la toute première scène. Maintenant le message. L'idée sous-jacente est tout de même que la lutte contre l'esclavage sexuel d'enfants, ne suscite pas assez la mobilisation des autorités, qui sont censées le combattre, ou des médias censées le traquer et le dénoncer. Force est de constater que, dans la réalité, les associations pour la défense et protection des migrants, sont bien plus aidées par l'État, et bien plus médiatisées que celles qui luttent contre l'esclavage sexuel des enfants. Bref, compte tenu de la multiplicité des qualités du film, l'agitation de certains ne serait-elle pas le fruit d'un complexe de culpabilité venant de leur apathie face à ce fléau dont le taux et les profits augmentent chaque année dans le monde?