Avis sur Tigertail

"Tigertail" est un film qui parle notamment des sacrifices et des regrets d'un homme que l'on apprend à découvrir à travers de nombreux flashbacks. Grover était un enfant/jeune homme qui n'avait rien, mais qui a toujours eu l'ambition de devenir quelqu'un. Alors qu'il vivait une intense romance avec son amour de jeunesse, il n'a pas hésité à tout quitter pour partir aux États-Unis avec une quasi-inconnue pour réaliser ses rêves et offrir une meilleure vie à sa mère. Dans ce film, on apprend à connaître Grover en tant qu'enfant, homme, père, fils, ex-mari et ex-amant. Plusieurs facettes qui montrent tout le chemin parcouru par cet homme. Un joli portrait qui permet d'évoquer également la poursuite du rêve américain qui peut laisser un gout amer même en cas de réussite. En partie inspiré par les expériences de son propre père, Alan Yang réalise un beau petit premier film qui comprend quelques jolis moments d'émotion malgré une grande sobriété et pudeur.

ENTRE CIEL ET TERRE. Quand on réveille son passé pour la poursuite d'un rêve. La conquête d'un autre monde contre la perte d'un amour. Colmater les fissures d'un choix, d'un espoir, d'un destin. Tout en simplicité, Alan Yang retrace le sens de la vie de son père, un homme bon. Filmé avec sagesse et simplicité, se souvenir de jeunesse à une séduction griffée par quelques défauts.

Belle maîtrise et surtout beaucoup de douceur et de simplicité dans le cinéma d'Alan Yang. Cela fait un bien fou, très touchant l'interprétation de Tzi Ma ainsi que Christine Ko, voilà un jeune cinéaste très prometteur à suivre. Boulevardducinema.com

Orphelin de père, le jeune Pin-Jui grandit à Taïwan dans les années cinquante. Près de l'usine où il travaille avec sa mère, il retrouve, adulte, Yuan Lee, une jeune femme qu'il avait rencontrée durant son enfance. Mais l'idylle qui les rapproche se brise sur le rêve du jeune homme de quitter Taïwan pour les États-Unis, un rêve qu'il ne peut réaliser qu'en épousant Zhenzhen, la fille de son patron. Arrivé à New York, le couple peine à s'intégrer et ne réussit pas à se cimenter. Pin-Jui travaille ; Zhenzhen s'ennuie. L'arrivée de deux enfants n'y fera rien. Pin-Jui, toute sa vie durant, gardera la nostalgie de son amour perdu.

"Tigertail" est un film produit par Netflix et diffusé depuis avril 2020 sur cette plateforme. On pourrait lui reprocher son formatage : il vise tout spécifiquement la communauté sino-américaine qui sera touchée d'y retrouver quelques unes de ses figures les plus caractéristiques (la matrone attachante qui ne vit que par l'amour qu'elle porte à son fils, le père tiraillé entre deux mondes, sa fille, les deux pieds désormais solidement ancrés aux États-Unis, mais en mal de racines, etc.). On pourrait surtout lui reprocher sa banalité : "Tigertail" raconte, sans rebondissement ni coup de théâtre, la vie d'un homme qui a raté sa vie, incapable d'aimer la mère de ses enfants, incapable de nouer avec sa fille qui lui en fait l'amer reproche des liens de père à fille.

Si je lui attribue, avec beaucoup d'indulgence, trois étoiles, c'est que "Tigertail" fonctionne avec un carburant qui me touche infiniment : la nostalgie. La vie de Pin-Jui est présentée à travers ce prisme : la rizière où il rencontre, encore enfant, Yuan rappelle le vert paradis des amours enfantines, les troquets où ils dansent ensemble ont les tons sépia des vieux clichés oubliés...

L'histoire de cet "homme sans qualités" est racontée en voix off par un Pin-Jui au crépuscule de sa vie (le rôle est interprété par Tzi Ma qu'on avait déjà croisé dans "L'Adieu", dans "Mulan" et dans la série "The Man in the High Castle"). C'est le même procédé qui est utilisé dans des films immensément connus et terriblement romantiques : "Out of Africa", "Sur la route de Madison", "Titanic"... Cette construction rétrospective leste le film d'une gravité supplémentaire, lui donne un sens inéluctable.

Un film asiatique et américain qui mélange le cinéma asiatique classique et le goût américain moderne. Cependant le produit final manque cruellement sa cible. Si les visuels sont jolis à regarder l'absence d'une histoire cohérente est paralysante. Alors que sur le papier ce film est censé être une étude approfondie du personnage de Pin-Jui le film ne relie pas les points et n'explique pas pourquoi il est comme il est. Enfin le dialogue dans le film est douloureusement sur le nez. Il y a beaucoup de choses à dire mais pas à montrer. Ce genre de film personnel est difficile à réaliser Yang a essayé de raconter l'histoire de son père. Raconter l'histoire de ses parents est presque intrinsèquement difficile. Par définition vous êtes éloigné de cette époque de ce lieu et de cette vie. Je me demande si Yang aurait mieux réussi s'il avait été associé à un écrivain taïwanais de l'âge de son père. Un des pires films jamais réalisés qui prétendait être un film taïwanais mais qui en fait a été fait pour plaire aux habitants du continent américain...

Très joli et touchant. Photographie adapté au propos.
Quelques longueurs mais le filage à travers le temps est bien raccordé.