Petite sortie confidentielle pour ce premier film, québecois de surcroît, une cinématographie qu’on a rarement l’occasion de voir sortir chez nous en dehors des premiers films de Jean-Marc Vallée et Denis Villeneuve ou de cas à part tels que « Starbuck », « La grande séduction » ou encore « Les invasions barbares » ; ces derniers devant leur visibilité à leur contenu (facilement exportable) ou à leur carton en salles sur leur terre d’origine (signe potentiel de succès chez nous pour leur distributeur). « Chien de garde » est plus du genre qu’on remarque dans les festivals et il a su attirer l’attention de l’un d’entre eux qui se risque à le diffuser dans l’hexagone dans une poignée de salles. Mais il ne faut pas s’attendre à un côté dépaysant car la majorité du film se déroule en quatre murs, soit dans un appartement, soit dans un bar.
L’intérêt de « Chien de garde » est ailleurs, dans l’intime, dans la psychologie. L’histoire qu’a écrit Sophie Dupuis est assez forte dans les relations familiales qu’elle dépeint et se suffit à elle-même. Le film compte un quintet de personnages bien écrits dont on comprend les fêlures, les faiblesses et les doutes. Une mère divorcée, deux fils, un oncle et la petite amie de l’un des fils. Les rapports entre eux sont délicats, justes et toujours dans le concret. Le réalisme de ce drame qui vogue vaguement avec le polar est accentué par le choix du procédé de caméra à l’épaule, parfaitement justifié et qui ne donne pas mal au crâne, fort heureusement. L’histoire est somme toute assez banale, voire insignifiante, mais elle ne souffre d’aucune baisse de rythme et sa fluidité est exemplaire, de la présentation des personnages aux différents ressorts dramatiques, jamais forcés.
Il est clair que « Chien de garde » ne laissera pas un souvenir impérissable au spectateur, qu’il manque d’intensité et même de cinéma, mais il est plaisant et permet surtout de découvrir un comédien sensationnel en la personne de Théodore Pellerin. En effet, c’est l’électron libre du scénario, le grain de sable venant faire exploser la trivialité du script. Il incarne le plus jeune frère de la fratrie, un adolescent de dix-neuf ans qui a certainement souffert du manque d’un père et de de cadrage mais qui est surtout hyperactif, fou et imprévisible. Un personnage extrême dans ses réactions, qu’elles soient violentes ou pleine de sensibilité. Un personnage qui aurait pu sombrer dans le ridicule mais que l’interprétation du jeune comédien rend intense et impressionnante. C’est le fil perturbateur du récit et c’est par lui que naissent les moments d’émotion, beaux ou tristes mais toujours forts. Mais c’est surtout le genre de performance dont on se souvient et qui risque de mener loin.
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