En gardant un souvenir ému, peut-être aurais-je dû m'en tenir à ce dernier tant ce second visionnage s'est avéré moins concluant. Très sage, d'un classicisme frôle l'académisme, je n'ai clairement pas retrouvé le plaisir que m'avait procuré « Liberty Heights » il y a dix-sept ans, ressentant clairement la différence d'intérêt entre les parties consacrées aux deux fils (plutôt réussies) et aux parents (plus précisément au père), nettement plus poussive (que les allusions sexuelles sont lourdes!), notamment concernant le personnage de Little Melvin. Dommage, car cette forme très bichonnée a aussi du bon : propre, sans fioritures, aucune faute de goût n'est à signaler 120 minutes durant, l'élégante reconstitution, joliment mise en valeur par une photographie très soignée, rendant la forme fort agréable. Il y a, surtout, quelques vrais jolis moments, que ce soit dans cette quête éperdue (et très incertaine) du grand amour par Van, ou celle, tout aussi tendre, de Ben avec Sylvia, confirmant, pour ceux qui en doutaient encore, l'aberration d'empêcher les gens de s'aimer pour des raisons religieuses ou de couleur de peau. La fin de l'innocence, l'entrée dans l'âge adulte est également décrit avec sensibilité, tandis que quelques scènes, quitte à ne pas toujours être hyper-bien intégrées au récit, n'en restent pas moins mémorables
(le déguisement d'Hitler, le refus de prêter serment sur la Bible durant un procès, ne quitter la voiture seulement après la fin du morceau de Frank Sinatra)
. Enfin, j'ai trouvé le choix de faire de cette « love story » toute annoncée entre Van et Dubbie
un véritable fiasco dû à l'alcoolisme révélé de cette dernière
un choix assez audacieux et pour le coup totalement inattendu. Du coup, même si la ferveur ressentie en 2003 n'a clairement pas été présente, notamment due à cette forme assez lisse, il y a toutefois quelques réelles satisfactions à avoir devant cette chronique sincère, portée par les prestations sensibles de Ben Foster et Adrien Brody. Touchant.