J’avais bien aimé le film précédent du cinéaste sino-tibétain Pema Tseden, « Tharlo, un berger tibétain » film dépaysant, tourné en noir et blanc, dans une atmosphère cotonneuse, passant du film ethnographique à la satire sociale, sous entendant la bureaucratie chinoise…son nouveau film « Jinpa , un conte tibétain » est l’adaptation de deux nouvelles , l’une de lui « J’ai écrasé un mouton » l’autre de Tsering Norbu, l’un des meilleurs représentants de la littérature tibétaine d’expression chinoise, intitulé « L’assassin »…Sur une route traversant les vastes plateaux dénudés du Kekexili, à 5000 m d’altitude, balayés par la neige , sans la moindre trace de vie à perte de vue, un camionneur, prénommé Jinpa, très stylé , lunettes fumées et cuir noir, écoute sur son radio cassette O Sole moi, version locale…Distrait, il percute un mouton venu se jeter sous ses roues…ce qui en soi serait pour nous un incident mineur, prend chez un Tibétain des conséquences tragiques en raison des croyances bouddhistes qui oblige le camionneur à aider la conscience du mouton à franchir les difficiles étapes de sa transmigration en le présentant à un lama qui récite les prières idoines avant qu’il ne puisse le livrer aux vautours…Quelque temps après avoir écrasé la mouton, le routier prend en stop un jeune homme secret, débraillé et taiseux, un Khampa, qui au bout d’un moment finit par avouer au camionneur son objectif, retrouver un homme qui a tué son père il y a vingt ans…il lui avoue qu’il a passé ses dix dernières années à le rechercher et qu’il est près du but……Comme le camionneur, il s’appelle Jinpa… Quand il le retrouvera l’homme a vieilli, il a femme et enfant et est devenu un fervent bouddhiste…lui aussi avait tué le père du jeune homme pour se venger. Le Khampa décide alors d’arrêter le cycle inexorable de la vengeance dicté par la tradition…C’est un film minimaliste, lent et taiseux presque jusqu’à l’excès…les paysages sont superbes, le travail sur la lumière est admirable, le film baigne dans une atmosphère onirique…Mais c’est aussi sa limite que de s’appuyer trop sur des effets esthétisants… il reste néanmoins beau à regarder même si le précédent Tharlo un berger tibétain m’a semblé meilleur... Mais seuls trois cinémas le diffusent sur Paris !!!