Mad Max chez les zombies
Encore un film qui devait être présenté à Cannes ! Celui du coréen Sang-Ho Yeon, qui après son formidable Dernier train pour Busan, nous replonge – et avec quel talent ! -, dans l’univers du film de zombies. Quatre ans après Dernier train pour Busan, il ne reste que des zombies dans la péninsule. Un groupe de soldats forcés d’y retourner découvrent que des survivants non contaminés se sont regroupés dans une bande bien plus dangereuse que les zombies... Ces 116 minutes assez étourdissantes de rythme et de suspense savamment distillé ne constituent pas une suite à son illustre prédécesseur, mais plutôt une variation virtuose sur le même thème. Et c’est là que le bât blesse, car il n’y a là pas grand-chose de nouveau à se mettre sous la dent. On connaît maintenant tous les trucs de mise en scène de Yeon, et si on peut saluer on savoir faire, ça sent le réchauffé, goûteux mais réchauffé.
Je le répète, après Dernier Train pour Busan projeté en 2016 en séance spéciale, Peninsula faisait partie de la Sélection Officielle 2020 du festival. Je pense que c’est une 1ère pour un film de zombies. Il s’agit donc du dernier volet d’une trilogie, - car il ne faut pas oublier Séoul Station, lui aussi de 2012, mais qui était un film d’animation, sorti directement en VOD chez nous -. Alors, malgré les qualités intrinsèques de ce nouvel opus horrifique, je ne peux dissimuler une petite déception. D’abord une impression de déjà-vu, même si le talent demeure, les poursuites de bagnoles sont épatantes, mais, les personnages très caricaturaux, les images de synthèse très répétitives et volontairement cartoonesques pour animer les grappes de zombies, - tous plus bêtes les uns que les autres… les zombies pas les effets -, et un final truffé de ralentis superfétatoires au suspense aussi larmoyant que convenu digne d’une mauvaise série B post-apocalyptique hollywoodienne, finissent par nous gâcher le plaisir qu’on espérait de la visite de cette péninsule abandonnée.
Dong-won Gang, le seul à faire dans la sobriété, s’en tire correctement. Quant aux autres, les Do-Yoon Kim et compagnie – je vous épargne une liste de noms coréens que vous oublierez instantanément -, ils chargent la mûle avec insistance, en particulier quand un humour souvent mal venu tombe systématiquement à plat. Mais leurs personnages sont tellement stéréotypés qu’ils n’avaient aucune chance de s’en sortir. Le film n’est pas à la hauteur de ses enjeux, malgré, je le répète, des qualités indéniables. Ce nouveau raz-de-marée cadavérique accumule trop de faiblesses de style et de narration pour convaincre. La déception est donc à la hauteur des espoirs qui étaient nés après le formidable Dernier Train pour Busan. Il ne fallait pas prolonger la ligne par cette espèce de jeu-vidéo épuisant. Evitable !