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Yves G.
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2,0
Publiée le 2 décembre 2018
Afrooz est la charismatique capitaine de l'équipe iranienne de football féminin en salle qui s'est qualifiée pour la finale de la Coupe d'Asie en Malaisie. Mais, Afrooz est dans l'incapacité de quitter le pays. la raison : son mari lui a refusé la "permission" de voyager à l'étranger.
Nous viennent régulièrement d'Iran des films qui, avec une saine audace, critiquent les ressorts du régime des Mollahs et d'une société patriarcale. Certains sont tournés sous le manteau comme ceux de Jafar Panahi ; d'autres sont l’œuvre de réalisateurs exilés tel "Téhéran Tabou" ; d'autres enfin, comme ceux d'Ashgar Farhadi, jouant au chat et à la souris avec la censure, ont été réalisés en Iran. C'est le cas du film de Soheil Beiraghi.
Son sujet ne peut que scandaliser le spectateur occidental. En Iran, les femmes sont placées dans une situation de minorité. Obligées de se voiler dans l'espace public, interdites d'accès aux manifestations sportives (Jafar Panahi en avait fait le sujet de son film "Hors jeu"), les iraniennes, si elles ont le droit de conduire et de voter, ne peuvent voyager à l'étranger sans l'autorisation de leur "tuteur", père, frère ou époux. Ce fut le cas en 2017 de huit athlètes iraniennes dont l'histoire vraie a inspiré ce film.
Malgré sa popularité, Afrooz se retrouve ainsi l'otage du bon vouloir de son mari qui, pour faire pression dans la négociation d'un divorce chaotique, l'empêche de participer au match qui aurait couronné sa carrière sportive et lui aurait peut-être permis d'être recrutée par un club espagnol.
"La Permission" compte quelques non-dits subtils. Ainsi de la scène où Afrooz se lave rageusement les dents après avoir amadoué son mari. Ou de la relation avec une autre joueuse dont on peut se demander si elle est allée au delà de la camaraderie. Mais sinon, ce premier film manque de la finesse et de l'ambiguïté qui fit le prix de "Une séparation" de Fahradi. Le mari est un présentateur de télé ringard, bellâtre et prétentieux. Aurait-il eu un peu plus de qualités, Afrooz en aurait-elle eu moins, le film aurait gagné en crédibilité et en intelligence.
J'ai beau aimer les cinémas du Sud en général et le cinéma iranien en particulier, je dois avouer que le film de Soheil Beiraghi m'a un peu déçu.
Certes, on retrouve ici les qualités qu'on trouve presqu'à coup sûr dans les films en provenance de Téhéran : sûreté de la mise en scène, excellente direction d'acteurs, mise en relief de la complexité des relations humaines.
Mais cette histoire d'une joueuse de futsall empêchée de sortir de son pays par un mari mécontent (tirée d'un fait réel) est un peu trop simple pour remplir tout un long-métrage. Le scénario use donc de différents subterfuges pour que le temps s'écoule : une course poursuite un peu ridicule et qui apparaît en déphasage avec le reste de l'intrigue, des atermoiements répétitifs et des scènes trop longuement étirées.
La permission se laisse toutefois regarder comme un témoignage supplémentaire sur la condition de la femme en Iran. Sur une thématique proche (le pouvoir discrétionnaire d'un mari sur une femme libre, dans une société corsetée) était montré avec bien plus d'intensité dans le formidable film de la regrettée Ronit Elkabetz, Le procés de Viviane Ansalem.
Certes l'histoire est prenante mais tourne assez court, beaucoup de discussion pour pas grand chose et ici, contrairement à d'autres films qui dénoncent certaines lois avec subtilités, avec des personnages contrastés, on a surtout affaire à un pauvre type, qui abuse de son petit pouvoir de mari et de sa notoriété et qui est indéfendable. De plus l'univers du futsal, à l'exception de la première scène avec l'orteil, est très mal rendu et vraiment mal filmé, ça ne fait pas crédible du tout.