Oeuvre de liberté, ode à la liberté, j'ai adoré "une fille facile".
L'héroïne interprétée par Zahia Dehar plane au-dessus de son milieu, de ses rencontres, du qu'en dira-t-on, elle vole. Penser qu'elle séduit des millionnaires pour avoir de l'argent, c'est comme imaginer que Picasso a peint pour devenir riche, un absolu contre-sens .
Oui, elle aime le luxe, les endroits précieux et le sexe et elle connaît ses désirs, elle les écoute et pire, elle les assume. Elle ne juge pas, ne calcule pas, elle va où ses envies et son cul la mènent.
Par cette liberté et finalement, cette délicatesse ou au moins cette vérité, Sofia agit comme un révélateur, de la médiocrité de certaines de ces rencontres
( la confrontation avec Clotide Courau, géniale, qu'elle laisse l'humilier pour la confronter à ses préjugés et à sa propre bêtise, son histoire avec Nuno Lopes, dont elle révèle, malgré elle, la bassesse)
ou de la force d'autres
, comme Benoît Magimel, juste du début à la fin, ou sa cousine, incarnée absolument par Mina Farid, qui prendra sa vie en main suite à cet été-là.
On peut se moquer de la manière dont joue Zahia Dehar, et oublier toute la nouvelle vague. Elle suggère, elle a une présence discrète parce que son rôle n'est pas de prendre tout l'espace, d'écraser mais encore une fois, d'être une respiration qui permet aux autres personnages d'exister, de se montrer. Elle est presque absente mais sans elle, le film ne tient pas.
Sofia est sans morale, elle est sans colère, elle est forte et touchante, elle est libre, comme peu d'entre nous le sommes. Elle est la salope, elle est la sorcière, celle que l'on veut punir ou enfermer ou tondre. Celle que l'on veut voir tomber parce qu'au fond, on est jaloux. Sofia est un merveilleux personnage. Et cette histoire nous interroge: que faisons-nous, nous, de notre liberté?